Le propriétaire de l'opérateur au carré rouge souhaitait s'en débarrasser et avait imaginé une introduction en Bourse, ce qui aurait dû être réalisé cet été. Mais les événements se sont bousculés et finalement, devant l'intérêt de plusieurs concurrents, Vivendi veut se donner les moyens de choisir l'option du rachat. Numericable part favori : le câblo-opérateur avait déjà fait part de son intérêt l'an dernier, mais l'affaire avait alors capoté. De fait, Numericable a pu constituer un dossier de rachat complet, y compris un montage financier que les banques sont prêtes à financer.
Seul hic : si Altice, propriétaire de Numericable, devait effectivement remporter la corbeille de la mariée, le groupe se retrouverait nanti d'une forte dette. On évoque un montant de 10,4 milliards d'euros qui se rajouterait à la dette d'Altice, soit 16,4 milliards en tout. Si l'entreprise est bien perçue en Bourse et peut donc lever des fonds pour financer cette dette, il faudra tout de même réaliser de sérieuses économies. Ça n'a rien d'impossible, SFR et Numericable pouvant profiter l'un de l'autre en terme de synergies, notamment au niveau de la mutualisation des réseaux. Mais cette acquisition signifierait également une éventuelle restructuration de SFR et donc, des licenciements.
Altice n'est pas le seul joueur dans cette partie de poker. Bouygues Telecom, qui lorgne également sur SFR depuis deux ans, compte bien déposer son propre projet de reprise. Si l'opérateur n'a rien dévoilé de son jeu, le rachat de son concurrent lui permettrait là aussi de jouer à fond les synergies et limiter la casse au niveau des marges. Bouygues et SFR se sont déjà accordés pour mutualiser leurs réseaux.