Cette votation poussée par l'UDR (le parti d'extrême-droite helvète) a remporté 50,3% des votes en sa faveur. Un résultat surprise provenant d'un pays dont l'économie est en santé et où la problématique de l'immigration se pose bien moins qu'ailleurs. Néanmoins, ce vote va avoir de lourdes conséquences, même si le gouvernement fédéral dispose de trois ans pour le mettre en pratique. D'ici là, des adaptations pourront apparaître.
Dans l'intervalle, il faudra donc renégocier les accords avec l'Union européenne, prévient Laurent Fabius. Le ministre des Affaires étrangères s'est interrogé sur RTL sur le paradoxe d'un pays qui réalise 60% de son commerce extérieur avec l'UE « et vit très largement de l'UE », et il déplore une « mauvaise nouvelle » pour l'Europe et pour la Suisse. La libre circulation des personnes est un dogme européen et la Suisse accueille en majorité des Allemands, des Français et des Italiens. Sur les 8 millions d'habitants de la confédération, un quart provient de l'étranger.
Le pays, qui remet donc en cause la libre circulation des travailleurs, est susceptible de voir tous les autres accords européens partir en fumée, en vertu d'une clause dite « de la guillotine ». À terme, la Suisse peut donc se retrouver enfermée sur elle-même, au beau milieu du continent. La bonne santé du pays en souffrirait nécessairement, souligne Laurent Fabius.
S'il faut encore connaître les modalités d'application de cette votation, les relations entre l'Europe et la Suisse vont sans doute se dégrader. En France, du côté de l'opposition, on estime que le pays a émis une « revendication parfaitement naturelle », énonce François Fillon, qui rajoute néanmoins qu'empêcher des milliers de frontaliers français d'aller travailler en Suisse serait « incompréhensible ». Il va falloir trancher entre ce qui est naturel et ce qui est incompréhensible.