Une scission historique : Continental prêt à tout pour survivre




Face aux défis économiques et industriels, Continental, célèbre pour ses pneus, envisage une scission de ses activités pour redynamiser sa performance et répondre aux attentes du marché. La décision finale devrait être prise d’ici fin 2024, marquant potentiellement un tournant décisif pour le géant allemand.



Réorganisation stratégique pour Continental

Continental, l'un des plus grands équipementiers automobiles allemands, envisage une scission de ses activités pour faire face à un marché automobile en pleine mutation. Cette décision, si elle est validée, aboutirait à la séparation de l'activité « pneumatiques », historiquement rentable, des autres branches du groupe, notamment l'électronique automobile qui connaît des difficultés.

Le comité directoire de Continental a confirmé qu'il étudiait la possibilité de scinder l'entreprise en deux entités indépendantes. Cette démarche vise à donner plus de visibilité et d'indépendance à la division pneus et plastiques, tout en permettant à la division automobile de se concentrer sur ses activités spécifiques. Nikolai Setzer, le PDG de Continental, a souligné que cette scission pourrait offrir des « opportunités compétitives » et permettre des investissements ciblés dans le domaine de l'électronique automobile.

La décision de scinder Continental intervient dans un contexte difficile pour les équipementiers automobiles. Ces derniers subissent les effets du ralentissement du marché et de la transition vers les véhicules électriques, souvent coûteuse et complexe. Les constructeurs automobiles, en quête de réduction des coûts, mettent une pression considérable sur leurs sous-traitants, rendant la situation encore plus délicate pour des entreprises comme Continental.

Continental a particulièrement souffert de cette mise en concurrence, avec des divisions telles que l'électronique automobile enregistrant des pertes malgré une forte demande pour ses technologies de freinage, capteurs et systèmes de confort. Le secteur automobile du groupe emploie environ 100.000 personnes dans le monde et a généré un chiffre d'affaires de 20,3 milliards d'euros au cours du dernier exercice fiscal. Cependant, l'énorme coût de la recherche et développement (12 % du chiffre d'affaires) et la concurrence mondiale ont pesé lourdement sur cette division.

Retour aux sources pour mieux rebondir

Wolfgang Reitzle, président du conseil de surveillance de Continental, a déclaré que la scission permettrait de « positionner au mieux les métiers du groupe pour qu'ils réussissent », tout en soulignant l'importance d'investir dans l'électronique automobile. Cette perspective de scission a déjà eu un impact positif sur les actions de Continental, qui ont légèrement rebondi après l'annonce, malgré une baisse initiale.

Si la scission est validée, elle marquerait un retour aux origines pour Continental, fondé en 1871 comme fabricant de pneus. Au fil des décennies, l'entreprise avait diversifié ses activités, notamment en rachetant l'activité freinage et châssis d'ITT Automotive et les équipements automobiles de Motorola, puis en acquérant Siemens-VDO en 2007. Cependant, cette diversification s'est avérée coûteuse et complexe, entraînant des pertes et une restructuration continue.

En 2021, Continental a externalisé son pôle transmissions, rebaptisé Vitesco Technologies, pour financer sa transition vers l'électrique. La scission envisagée de la division automobile représenterait ainsi une nouvelle étape majeure dans cette réorganisation. Toutefois, cette décision n'est pas sans controverse. Christiane Benner, présidente du puissant syndicat IG Metall et membre du conseil de surveillance de Continental, a exprimé ses préoccupations concernant l'impact sur les employés et la stratégie globale du groupe.

Nikolai Setzer a tenté de rassurer les salariés, affirmant que la scission bénéficierait à l'ensemble des employés en créant deux entreprises fortes et indépendantes. Malgré ces assurances, la potentielle disparition de 7.150 emplois annoncée récemment reste un sujet de préoccupation majeure.


8 Aout 2024