Ce n’est pas aussi spectaculaire qu’une usine d’Aulnay-sous-Bois paralysée, ou qu’un symbole lorrain de la métallurgie en voie d’extinction. Car les effectifs ne sont pas les mêmes, et parce que la charge symbolique est différente. Non, il n’est pas ici question de désindustrialisation massive, mais plutôt de menaces insidieuses qui pèsent sur un secteur familier, partie intégrante du quotidien des Français : il s’agit du commerce et, en particulier, de celui de proximité.
Les symboles industriels, quotidiennement évoqués par les médias, ne sont pas les plus représentatifs de cet autre secteur en crise qu’est le petit commerce. Mais le silence sur cette question devient assourdissant. Car ce type de commerce subit de plein de fouet les nouveaux modes de consommation, qu’il s’agisse des conséquences naturelles du progrès technologique, des évolutions démographiques, ou simplement de la chasse aux coûts dans la distribution.
Les commerces de proximité font face à une concurrence insidieuse. Il s’agit de la dématérialisation de l’acte d’achat : le e-commerce fait de plus en plus d’adeptes en France, avec une croissance de 20% sur le premier semestre 2012. Son chiffre d’affaire global, de 45 milliards d’euros en 2011, connaît une croissance moyenne de 44% par an.
Même les enseignes de la grande distribution commencent à s’y intéresser via le développement des « Drive ». Or, e-commerce et Drive sont des modes de distribution bien moins consommateurs de main d’œuvre que le commerce « en dur ». Il y a là matière à distorsion de concurrence, car un site d’achat en ligne est disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept (avec des sites qui, pour la plupart, ne sont ni français, ni basés en France). Une véritable épée de Damoclès pèse sur le commerce de proximité : sur internet, on commande désormais ses denrées alimentaires, on y commande son vin, ses stocks de piles, ou des lots de gels douche. Le commerce de proximité ne peut pas être compétitif sur ce créneau, d’autant plus que les nouveaux rythmes de vie ne coïncident plus vraiment à leurs plages d’ouverture autorisées.
Menace sur l’emploi ? Oui car le commerce de proximité est un secteur pourvoyeur de main d’œuvre. Selon une étude de l’UPA, 56% des entreprises de l’artisanat et du commerce de proximité ont eu recours aux heures supplémentaires au premier semestre 2012. Dans le même temps, pour 71% des Français, la première incitation à l’achat est la proximité du point de vente, où ils peuvent obtenir les conseils, les services, les informations qu’ils sont en droit d’obtenir et qu’internet ne fournit pas toujours de façon satisfaisante. Mais pour que le commerce de proximité pérennise son modèle économique, et survive face à la concurrence d’internet, il devient urgent d’adapter notre législation.
Ce sont les commerces directement liés à l’activité touristique qui ont peut-être tiré la sonnette d’alarme les premiers : même si la France reste aujourd’hui la première destination touristique du monde, elle n’est que la troisième en termes de recettes, avec 39 milliards d’euros par an, loin derrière les 83 milliards des Etats-Unis et les 43 milliards de l’Espagne. Dans ce débat, ce n’est pas de l’absence d’un équivalent de Las Vegas dont il est question, mais simplement de la rigidité des plages d’ouverture des magasins, à commencer par leur fermeture dominicale. Malgré l’instauration des Périmètres d’Usage de Consommation Exceptionnelle (PUCE) et des zones d’intérêts touristiques par la loi Maillé de 2009, le manque à gagner se chiffre en millions d’euros pour les enseignes commerciales au détriment de l’emploi.
Les opposants à l’ouverture des commerces le dimanche invoquent l’irrationalité économique de son extension, arguant que le portefeuille des ménages n’est pas extensible : ce qui n’est pas consommé le week-end l’est de toute façon en semaine. C’est tout simplement faux. Des enseignes relevant du commerce de proximité ont fait l’expérience de l’ouverture le dimanche, et le constat est sans appel : fermer le dimanche entraine une perte de 20 à 25% de chiffre d’affaire, perte qui n’est pas compensée le reste de la semaine. Or 25% du chiffre d’affaires, représente en moyenne un emploi équivalent temps plein pour dix salariés.
Dans le secteur très touristique du Boulevard Haussmann à Paris, où figurent quelques grandes enseignes commerciales célèbres dans le monde entier, on évalue à 1000 le nombre de créations d’emploi potentiel en cas d’autorisation d’ouverture le dimanche (20 000 au niveau national !). En dehors de cet exemple géographiquement limité, c’est dans le commerce de proximité qu’il faut percevoir les véritables gisements d’emploi. Pourquoi ? Parce que le dimanche est en un jour particulier, lié pour une partie des consommateurs à la notion d’achat « plaisir ». On constate ainsi que le panier moyen peut atteindre ce jour une valeur de 50% supérieure à sa valeur de la semaine : 18 euros en moyenne le dimanche contre 12 euros en semaine.
Par ailleurs, au-delà de ces problématiques économiques, l’ouverture des commerces le dimanche redynamiserait une certaine forme de lien social et de vie de quartier. Sur ce point aussi il y a une attente forte des citoyens. 4 Franciliens sur 5 sont favorables à l’ouverture des petits commerces le dimanche car ils privilégient les transports courts plutôt que les longs trajets, des courses à la demande plutôt que le stockage de denrées périssables facteur de gaspillage, les courses en famille sans stress plutôt que la corvée de supermarché après une journée de travail harassante.
A défaut d’ouverture le dimanche c’est vers le e-commerce que se tourneront les consommateurs, avec pour résultat la dématérialisation et la déshumanisation des métiers du commerce. 3% des achats alimentaires se font aujourd’hui en ligne, ce taux doublera dans cinq ans.
A l’heure où nos élus parlent de relance par la consommation, ne serait-il donc pas temps de simplifier une législation dépassée pour répondre aux attentes des salariés, des entrepreneurs et des consommateurs, en favorisant la croissance et l’emploi?
Les symboles industriels, quotidiennement évoqués par les médias, ne sont pas les plus représentatifs de cet autre secteur en crise qu’est le petit commerce. Mais le silence sur cette question devient assourdissant. Car ce type de commerce subit de plein de fouet les nouveaux modes de consommation, qu’il s’agisse des conséquences naturelles du progrès technologique, des évolutions démographiques, ou simplement de la chasse aux coûts dans la distribution.
Les commerces de proximité font face à une concurrence insidieuse. Il s’agit de la dématérialisation de l’acte d’achat : le e-commerce fait de plus en plus d’adeptes en France, avec une croissance de 20% sur le premier semestre 2012. Son chiffre d’affaire global, de 45 milliards d’euros en 2011, connaît une croissance moyenne de 44% par an.
Même les enseignes de la grande distribution commencent à s’y intéresser via le développement des « Drive ». Or, e-commerce et Drive sont des modes de distribution bien moins consommateurs de main d’œuvre que le commerce « en dur ». Il y a là matière à distorsion de concurrence, car un site d’achat en ligne est disponible 24 heures sur 24, sept jours sur sept (avec des sites qui, pour la plupart, ne sont ni français, ni basés en France). Une véritable épée de Damoclès pèse sur le commerce de proximité : sur internet, on commande désormais ses denrées alimentaires, on y commande son vin, ses stocks de piles, ou des lots de gels douche. Le commerce de proximité ne peut pas être compétitif sur ce créneau, d’autant plus que les nouveaux rythmes de vie ne coïncident plus vraiment à leurs plages d’ouverture autorisées.
Menace sur l’emploi ? Oui car le commerce de proximité est un secteur pourvoyeur de main d’œuvre. Selon une étude de l’UPA, 56% des entreprises de l’artisanat et du commerce de proximité ont eu recours aux heures supplémentaires au premier semestre 2012. Dans le même temps, pour 71% des Français, la première incitation à l’achat est la proximité du point de vente, où ils peuvent obtenir les conseils, les services, les informations qu’ils sont en droit d’obtenir et qu’internet ne fournit pas toujours de façon satisfaisante. Mais pour que le commerce de proximité pérennise son modèle économique, et survive face à la concurrence d’internet, il devient urgent d’adapter notre législation.
Ce sont les commerces directement liés à l’activité touristique qui ont peut-être tiré la sonnette d’alarme les premiers : même si la France reste aujourd’hui la première destination touristique du monde, elle n’est que la troisième en termes de recettes, avec 39 milliards d’euros par an, loin derrière les 83 milliards des Etats-Unis et les 43 milliards de l’Espagne. Dans ce débat, ce n’est pas de l’absence d’un équivalent de Las Vegas dont il est question, mais simplement de la rigidité des plages d’ouverture des magasins, à commencer par leur fermeture dominicale. Malgré l’instauration des Périmètres d’Usage de Consommation Exceptionnelle (PUCE) et des zones d’intérêts touristiques par la loi Maillé de 2009, le manque à gagner se chiffre en millions d’euros pour les enseignes commerciales au détriment de l’emploi.
Les opposants à l’ouverture des commerces le dimanche invoquent l’irrationalité économique de son extension, arguant que le portefeuille des ménages n’est pas extensible : ce qui n’est pas consommé le week-end l’est de toute façon en semaine. C’est tout simplement faux. Des enseignes relevant du commerce de proximité ont fait l’expérience de l’ouverture le dimanche, et le constat est sans appel : fermer le dimanche entraine une perte de 20 à 25% de chiffre d’affaire, perte qui n’est pas compensée le reste de la semaine. Or 25% du chiffre d’affaires, représente en moyenne un emploi équivalent temps plein pour dix salariés.
Dans le secteur très touristique du Boulevard Haussmann à Paris, où figurent quelques grandes enseignes commerciales célèbres dans le monde entier, on évalue à 1000 le nombre de créations d’emploi potentiel en cas d’autorisation d’ouverture le dimanche (20 000 au niveau national !). En dehors de cet exemple géographiquement limité, c’est dans le commerce de proximité qu’il faut percevoir les véritables gisements d’emploi. Pourquoi ? Parce que le dimanche est en un jour particulier, lié pour une partie des consommateurs à la notion d’achat « plaisir ». On constate ainsi que le panier moyen peut atteindre ce jour une valeur de 50% supérieure à sa valeur de la semaine : 18 euros en moyenne le dimanche contre 12 euros en semaine.
Par ailleurs, au-delà de ces problématiques économiques, l’ouverture des commerces le dimanche redynamiserait une certaine forme de lien social et de vie de quartier. Sur ce point aussi il y a une attente forte des citoyens. 4 Franciliens sur 5 sont favorables à l’ouverture des petits commerces le dimanche car ils privilégient les transports courts plutôt que les longs trajets, des courses à la demande plutôt que le stockage de denrées périssables facteur de gaspillage, les courses en famille sans stress plutôt que la corvée de supermarché après une journée de travail harassante.
A défaut d’ouverture le dimanche c’est vers le e-commerce que se tourneront les consommateurs, avec pour résultat la dématérialisation et la déshumanisation des métiers du commerce. 3% des achats alimentaires se font aujourd’hui en ligne, ce taux doublera dans cinq ans.
A l’heure où nos élus parlent de relance par la consommation, ne serait-il donc pas temps de simplifier une législation dépassée pour répondre aux attentes des salariés, des entrepreneurs et des consommateurs, en favorisant la croissance et l’emploi?