Des résultats financiers alarmants pour Kering
Le groupe de luxe Kering a connu une année 2024 extrêmement difficile, marquée par une chute significative de ses performances financières. Son chiffre d’affaires a reculé de 12 % pour s’établir à 17,1 milliards d’euros, tandis que son résultat net a chuté de 62 %, une baisse historique. Gucci, sa marque phare, a particulièrement souffert avec un effondrement de 23 % de son chiffre d’affaires, passant sous la barre des 8 milliards d’euros. Yves Saint Laurent et Balenciaga ont également enregistré des reculs, traduisant un ralentissement global du marché du luxe, en particulier en Chine.
François-Henri Pinault, PDG de Kering, ne cache pas sa déception : « Nous sommes très loin de l’objectif de départ. La situation a été encore plus difficile que ce que nous avions anticipé. » Cette dégradation des ventes s’accompagne d’une pression accrue sur les marges, forçant le groupe à revoir ses stratégies et à mettre en place un plan de restructuration.
Gucci, qui représentait historiquement la locomotive du groupe, est au cœur des turbulences. L’éviction soudaine de son directeur artistique, Sabato de Sarno, début février, illustre les tensions internes et la nécessité de redéfinir la direction créative de la marque. Bien que Kering refuse d’évoquer une erreur de casting, ce départ intervient à un moment critique. « Nous avons jugé que cette phase de redémarrage exigeait une nouvelle direction artistique », affirme François-Henri Pinault. Pour l’instant, le nom du successeur de De Sarno reste inconnu.
Malgré cette crise, le groupe maintient son cap stratégique pour Gucci : élargir sa base de clientèle en proposant des produits sur tous les segments de prix. Francesca Bellettini, directrice adjointe de Kering, se veut rassurante : « C’est le bon moment pour injecter davantage de désirabilité. » Gucci prévoit ainsi de « rafraîchir » ses collections, notamment en maroquinerie, son principal moteur de revenus.
Des mesures drastiques pour inverser la tendance
Face à cette année noire, Kering a annoncé un vaste plan d’économies et de rationalisation. Après avoir réduit ses coûts de 5 % en 2024, le groupe poursuivra ses efforts en 2025 en optimisant ses contrats de transport, en réduisant ses dépenses logistiques et en taillant dans son réseau de distribution. Cinquante boutiques fermeront leurs portes cette année, dont un tiers d’outlets où les produits étaient vendus à prix réduits. Parallèlement, la part des ventes en grands magasins diminuera, au profit du e-commerce et des boutiques en propre.
Kering mise également sur la diversification pour redynamiser ses marques. Sa division lunettes, lancée il y a dix ans, est devenue le deuxième acteur mondial du secteur et continue de croître. De plus, l’activité parfums et beauté, amorcée avec l’acquisition de Creed et le lancement de nouvelles fragrances chez Bottega Veneta et Balenciaga, commence à porter ses fruits. Enfin, le cinéma pourrait aussi contribuer à redorer l’image du groupe : la production du film « Emilia Perez » par Saint Laurent Productions a été saluée et pourrait briller aux Oscars début mars.
Malgré ces défis, François-Henri Pinault veut croire en un retour progressif à la croissance : « Après une année de stabilisation en 2025, nous espérons retrouver une trajectoire rentable. » Reste à voir si les efforts du groupe suffiront à enrayer la spirale négative.