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Le télétravail en France, une mutation durable mais des inégalités persistantes





Depuis la pandémie de Covid-19, le télétravail s’est installé dans les habitudes professionnelles des Français. Une nouvelle étude de la Dares révèle une pratique en pleine évolution, marquée par une normalisation et une féminisation croissante, mais aussi par des disparités notables entre les catégories de salariés.



Une normalisation du télétravail qui touche de nouveaux profils

La crise sanitaire a profondément transformé le paysage du travail en France. Le télétravail, autrefois limité à une minorité de cadres, s’est rapidement imposé comme une solution incontournable durant les périodes de confinement. Avant la pandémie, seuls 9 % des salariés en France télétravaillaient. En 2023, ce chiffre a grimpé à 26 %, touchant désormais plus de 6 millions de travailleurs. 

Cependant, tous les métiers ne bénéficient pas de la même facilité d'accès au travail à distance. Les cadres restent les principaux bénéficiaires, mais des professions intermédiaires et des employés, tels que les secrétaires et les agents de comptabilité, montrent également un intérêt croissant pour cette pratique.

Selon la Dares, 2,2 millions de salariés qui n'ont pas encore accès au télétravail aimeraient pouvoir y prétendre. Ce vivier est majoritairement composé de jeunes, de femmes, et de personnes occupant des postes non-cadres ou en contrat temporaire. Les employés du secteur public y sont également plus nombreux, signe d’un désir d’élargir l’accès au télétravail à une population plus diversifiée.

Vers un équilibre entre présentiel et télétravail

Si la pratique du télétravail intensif (trois jours ou plus par semaine) a explosé en 2021 pour concerner 18 % des salariés, elle a fortement diminué pour atteindre seulement 5 % en 2023. La majorité des travailleurs ayant adopté cette formule pendant la crise préfèrent aujourd'hui un modèle hybride, alternant présentiel et télétravail. En 2023, environ 39 % des télétravailleurs bénéficient d’une indemnisation pour leurs frais de travail à domicile, contre seulement 14 % en 2021, signe que les entreprises commencent à reconnaître et à encadrer ce mode de travail de manière plus professionnelle.

L’étude met également en lumière les avantages perçus du télétravail. Parmi les salariés qui télétravaillent, beaucoup estiment que cette pratique améliore leur bien-être en leur offrant une meilleure conciliation entre vie professionnelle et personnelle. Le télétravail permet notamment d’éviter les trajets domicile-travail, offrant ainsi plus de temps pour les activités personnelles. Cependant, cet effet positif varie en fonction du genre : les femmes continuent d’assumer une charge de travail domestique plus élevée que leurs homologues masculins, même en télétravail.

Malgré ses bénéfices, le télétravail présente aussi des limites. En particulier, la distance physique avec les collègues tend à dégrader les relations sociales au sein de l’entreprise. Les discussions informelles, essentielles pour la cohésion et le soutien professionnel, sont moins fréquentes, et certains télétravailleurs se sentent isolés, coupés du collectif de travail. Enfin, un autre frein réside dans l’accès aux ressources matérielles et informatiques, encore parfois insuffisant pour de nombreux télétravailleurs, malgré des progrès depuis la pandémie.


7 Novembre 2024