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Licenciements chez Auchan et Michelin : le gouvernement veut des comptes





Depuis le 5 novembre 2024, une polémique enfle autour des géants Michelin et Auchan, qui font face à une vague de critiques concernant l’utilisation des fonds publics reçus durant la pandémie et les mesures de soutien post-crise. Bien que bénéficiant de subventions et de dispositifs d’aide de l’État, ces deux entreprises viennent d'annoncer des plans sociaux d’envergure qui entraîneront des milliers de suppressions de postes. Le Premier ministre Michel Barnier a exprimé publiquement son mécontentement et a demandé des explications sur l’emploi des aides publiques dans ces groupes qui, selon lui, devraient rendre des comptes sur leur gestion financière vis-à-vis des intérêts nationaux en matière d’emploi.



Michelin et Auchan annoncent des milliers d’emplois supprimés

La situation de Michelin, acteur historique de l'industrie pneumatique française et internationale, est au centre des préoccupations. Le groupe a décidé de fermer ses usines de Vannes et de Cholet, entraînant la suppression de 1 254 postes. Cette décision, justifiée par des difficultés économiques et la nécessité de s’adapter aux évolutions du marché, intervient dans un contexte où Michelin a perçu des aides importantes pendant la crise du Covid-19. Or, aujourd’hui, la fermeture de sites en France soulève des questions sur la manière dont ces fonds ont été employés, et sur le rôle que devrait jouer une entreprise de cette envergure dans le maintien de l’emploi sur le territoire national.

Pour sa part, Auchan, grand acteur de la distribution en France, a également bénéficié de mesures de soutien de l’État, notamment par le biais d’exonérations fiscales et d’aides spécifiques au secteur de la distribution fortement touché par les confinements successifs. Néanmoins, l’enseigne a annoncé la fermeture d’une dizaine de magasins et la suppression de 2 389 postes. Auchan justifie cette restructuration par un contexte de baisse de rentabilité dans certains points de vente, qui ne sont plus viables économiquement.

Michel Barnier monte au créneau

Face à ces annonces, Michel Barnier a souligné devant les députés le 5 novembre 2024 l’importance de garantir la transparence quant à l’usage de l’argent public reçu. Il a exprimé des doutes sur l’efficacité des aides dans la préservation de l’emploi, affirmant que le gouvernement pourrait être amené à revoir les modalités d’octroi de ces subventions. Michel Barnier a déclaré vouloir « poser des questions aux dirigeants » de Michelin et Auchan afin de comprendre comment ces fonds ont été utilisés et d’évaluer la pertinence de leurs décisions stratégiques. Son discours traduit une préoccupation quant aux impacts de ces suppressions d’emplois sur le tissu économique local, particulièrement dans des régions où Michelin et Auchan sont des employeurs majeurs.

Les réponses de Michelin et Auchan sont orientées vers la justification économique de leurs choix. Michelin souligne la nécessité de se réorganiser pour rester compétitif dans un secteur en pleine transformation, notamment avec l’essor des véhicules électriques qui modifie les besoins en pneumatiques. Les coûts de production croissants et la baisse de la demande pour certains types de pneus ont également conduit le groupe à rationaliser ses activités. De son côté, Auchan insiste sur la restructuration indispensable pour faire face à un marché de plus en plus dominé par les achats en ligne et une clientèle qui privilégie désormais les circuits de distribution plus flexibles et digitaux.






 


6 Novembre 2024