L'email et la messagerie, nouveaux totems de la communication chez les jeunes professionnels
Ce n’est plus un secret : les moins de 30 ans fuient l’appel téléphonique comme un ancien combat. L’étude Robert Walters menée en janvier 2025 l’affirme sans détour : 75% des professionnels de moins de 29 ans privilégient les échanges par mail ou en personne, reléguant l’appel vocal en queue de peloton. Même constat dans les couloirs de l’agence : « On le remarque aujourd’hui au sein même de nos équipes où la part de prospection est importante, et où les collaborateurs plus jeunes ont davantage le réflexe d’envoyer un mail ou un SMS plutôt que de passer un appel », confie Imaine Fatnassi, manager au sein du cabinet Robert Walters.
Le phénomène n’est pas français. D’après une étude relayée par Newsweek le 10 mai 2024, seulement 16% des jeunes professionnels considèrent les appels comme un mode de communication efficace. Quant à ceux qui en font leur première option, ils ne sont que 14%. À croire que parler est devenu une gêne, voire une agression.
Le phénomène n’est pas français. D’après une étude relayée par Newsweek le 10 mai 2024, seulement 16% des jeunes professionnels considèrent les appels comme un mode de communication efficace. Quant à ceux qui en font leur première option, ils ne sont que 14%. À croire que parler est devenu une gêne, voire une agression.
« Phone anxiety » : l’appel devient une source de stress professionnel
Il y a dix ans, ne pas répondre au téléphone pouvait être interprété comme de la négligence. Aujourd’hui, c’est un réflexe de protection. Cette anxiété téléphonique, ou phone anxiety, a même un nom clinique. Les symptômes : palpitations, sueurs froides, sentiment d’intrusion. La psychologue Eloise Skinner, interrogée par la BBC et citée par Slate, souligne le lien entre ce stress et la perte progressive d’habitude : « Les appels téléphoniques impliquent davantage d’exposition personnelle […] À l’inverse, la communication par messagerie permet de maintenir une certaine distance ». Autant dire que le téléphone, outil jadis symbole de réactivité, est devenu suspect.
La peur de déranger, la hantise de l’imprévu et la dictature de l’écrit
Cette phobie, jusqu’ici cantonnée à la sphère intime, investit désormais l’entreprise. Et les conséquences sont tangibles : des missions en souffrance, des candidatures sans suite, un lien social distendu. Imaine Fatnassi résume : « Les professionnels avec lesquels nous échangeons au quotidien […] ne répondent plus au téléphone et privilégient les retours par messages. Cela impacte forcément le lien que nous créons avec nos clients et nos candidats ».
Loin d’un simple caprice générationnel, cette transformation impose une réponse structurée. L’objectif : adapter les environnements de travail aux codes de ces nouvelles cohortes, tout en garantissant l'efficacité de la communication. Sean Puddle, directeur de Robert Walters New York, appelle à un changement culturel profond : « Il est difficile de reproduire par mail les expressions faciales, les intonations ou les signaux sociaux. Ces éléments sont cruciaux pour instaurer la confiance ».
Les entreprises sont donc invitées à expérimenter. Formations à la prise de parole, mentorat intergénérationnel, pratique encadrée de l’appel : autant d’approches pour réconcilier productivité et interaction humaine. Sans pour autant forcer le retour au tout vocal. Car, comme le rappelle Slate, « le téléphone ne disparaît pas, il se réinvente, plus rare, plus choisi, plus intentionnel ».
Loin d’un simple caprice générationnel, cette transformation impose une réponse structurée. L’objectif : adapter les environnements de travail aux codes de ces nouvelles cohortes, tout en garantissant l'efficacité de la communication. Sean Puddle, directeur de Robert Walters New York, appelle à un changement culturel profond : « Il est difficile de reproduire par mail les expressions faciales, les intonations ou les signaux sociaux. Ces éléments sont cruciaux pour instaurer la confiance ».
Les entreprises sont donc invitées à expérimenter. Formations à la prise de parole, mentorat intergénérationnel, pratique encadrée de l’appel : autant d’approches pour réconcilier productivité et interaction humaine. Sans pour autant forcer le retour au tout vocal. Car, comme le rappelle Slate, « le téléphone ne disparaît pas, il se réinvente, plus rare, plus choisi, plus intentionnel ».