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Pétrole : l’OPEP+ relance sa production, le marché sous tension





La machine est relancée. Après plusieurs mois de restrictions, l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole et ses alliés, réunis sous l’appellation OPEP+, ont choisi d’ouvrir à nouveau les vannes. À partir du 1er avril 2025, la production pétrolière augmentera de 2,2 millions de barils par jour, mettant fin aux réductions volontaires adoptées pour soutenir les prix. Cette décision a immédiatement provoqué une réaction des marchés. Les cours du brut, déjà fragilisés par un ralentissement de la demande mondiale, ont plongé sous les 71 dollars pour le Brent et 67 dollars pour le WTI, atteignant leur niveau le plus bas depuis plusieurs mois.



Une décision aux multiples enjeux

L’annonce de l’OPEP+ marque un tournant dans la stratégie du cartel, qui depuis 2023 avait réduit sa production afin de stabiliser les prix du pétrole. À l’époque, l’objectif était d’éviter une chute brutale des cours face à un contexte économique incertain et une demande plus faible qu’anticipé. En réintroduisant progressivement des volumes supplémentaires, l’organisation mise sur un retour à l’équilibre entre offre et demande sans pour autant provoquer un effondrement des prix.

Cette politique est portée par huit pays producteurs, parmi lesquels l’Arabie Saoudite, la Russie, l’Irak, les Émirats Arabes Unis et l’Algérie. L’idée est de lisser cette augmentation jusqu’en 2026, tout en conservant une certaine flexibilité pour adapter la production en fonction des conditions de marché. Cependant, les investisseurs ne semblent pas partager cet optimisme. À peine l’annonce faite, les places boursières ont réagi en sanctionnant les valeurs pétrolières et en amplifiant la chute des cours.

Un effet immédiat sur les marchés

L’onde de choc a été rapide. Le baril de Brent, qui oscillait autour de 82 dollars avant l’annonce, a brutalement chuté à 70,60 dollars en quelques heures. Le WTI a suivi la même trajectoire, tombant sous les 67 dollars. Ce recul traduit une perte de confiance des investisseurs, qui anticipent un excès d’offre face à une demande mondiale qui peine à redémarrer.

Sur les marchés financiers, la réaction ne s’est pas fait attendre. À Londres, l’indice FTSE 100 a reculé de 1,2 %, tandis que le Dow Jones à New York a cédé 0,9 %. Les grandes compagnies pétrolières ont accusé le coup, avec des baisses comprises entre 2 et 4 % pour les actions d’ExxonMobil et de TotalEnergies.

Les raisons de cette fébrilité sont multiples. D’abord, le contexte économique mondial reste incertain, notamment en Chine et en Europe, où la consommation d’énergie peine à retrouver son niveau d’avant-pandémie. Ensuite, la crainte d’un excès de production renforce les incertitudes sur l’évolution des prix dans les mois à venir. Enfin, la stratégie de l’OPEP+ est perçue comme une prise de risque qui pourrait aboutir à une nouvelle guerre des prix, un scénario déjà observé par le passé.

Un pari risqué pour les pays producteurs

Si l’Arabie Saoudite et la Russie figurent parmi les principaux instigateurs de cette augmentation de production, d’autres membres de l’OPEP+ adoptent une position plus prudente. L’Algérie, le Kazakhstan et Oman, dont les économies dépendent fortement des recettes pétrolières, doivent composer avec cette nouvelle donne. Une baisse prolongée des cours pourrait peser lourdement sur leurs finances publiques et limiter leurs capacités d’investissement dans d’autres secteurs stratégiques.

En face, les États-Unis surveillent de près cette évolution. Une baisse des prix pourrait favoriser la consommation et atténuer l’impact de l’inflation énergétique. Mais cela pourrait aussi fragiliser le secteur du pétrole de schiste, dont l’équilibre financier repose sur des cours suffisamment élevés pour assurer sa rentabilité.


 


6 Mars 2025