Xavier Sabouraud, Président d'Alter&Go
La France a récemment obtenu un sursis de la part de Bruxelles pour la mise en œuvre de réformes structurelles. Est-ce un nouveau signe de la difficulté des Français à accepter le changement ?
Non, je crois que cette décision reflète surtout la quête européenne d’un juste équilibre entre l’impératif de réduction de la dette et l’impératif de croissance. De surcroît, je ne partage pas du tout le discours concernant la prétendue aversion des Français pour le changement. Certes, comme la plupart des pays occidentaux, nous avons actuellement quelques difficultés à trouver le juste positionnement face au bouleversement majeur que représente la mondialisation. Mais, au fil de son histoire et jusqu’à récemment, la France a fait la démonstration de sa capacité à inventer, innover et même à se réinventer avec une grande agilité.
Notre propension actuelle à l’autodénigrement n’est donc pas justifiée. Et elle est extrêmement regrettable tant elle diffuse une angoisse qui finit par nous tétaniser. Rappelons plutôt que notre pays occupe, aujourd’hui encore, la cinquième ou sixième place dans l’économie mondiale et que, dans le classement des 500 premières entreprises internationales, 40 sont françaises, ce qui nous positionne au troisième rang mondial ! S’il faut regarder en face les défis qui nous sont adressés, il ne faut pas douter de notre capacité à les surmonter !
Notre propension actuelle à l’autodénigrement n’est donc pas justifiée. Et elle est extrêmement regrettable tant elle diffuse une angoisse qui finit par nous tétaniser. Rappelons plutôt que notre pays occupe, aujourd’hui encore, la cinquième ou sixième place dans l’économie mondiale et que, dans le classement des 500 premières entreprises internationales, 40 sont françaises, ce qui nous positionne au troisième rang mondial ! S’il faut regarder en face les défis qui nous sont adressés, il ne faut pas douter de notre capacité à les surmonter !
Comment expliquez-vous alors que la France semble avoir aujourd’hui plus de difficulté que ses partenaires à mener à bien les réformes exigées par la crise et, de façon plus globale, par la mondialisation ?
Je crois que nous souffrons aujourd’hui d’un certain déficit de projet collectif. Les réformes sont trop souvent déniées ou présentées comme imposées de l’extérieur plutôt que revendiquées avec enthousiasme. Or, au niveau d’un pays comme au niveau d’une entreprise, le changement ne peut susciter l’adhésion que s’il prend la forme d’un projet commun exaltant dans lequel chacun est invité à s’investir.
Sur le terrain, mes collègues d’Alter&Go Groupe et moi-même l’avons maintes fois vérifié : les changements minorés suscitent systématiquement la crainte et l‘inertie, tandis que les changements revendiqués peuvent, au contraire, déboucher sur de véritables sursauts collectifs, y compris dans les contextes les plus difficiles. Il ne faut en effet pas se méprendre : la plupart des salariés souhaitent pouvoir s’investir dans des projets porteurs de sens qui leur permettraient de redevenir acteurs de leur destin. Voilà pourquoi, pour notre part, nous veillons toujours à faire en sorte que les projets de transformation deviennent des aventures collectives qui libèrent l’énergie et suscitent même l’enthousiasme.
Sur le terrain, mes collègues d’Alter&Go Groupe et moi-même l’avons maintes fois vérifié : les changements minorés suscitent systématiquement la crainte et l‘inertie, tandis que les changements revendiqués peuvent, au contraire, déboucher sur de véritables sursauts collectifs, y compris dans les contextes les plus difficiles. Il ne faut en effet pas se méprendre : la plupart des salariés souhaitent pouvoir s’investir dans des projets porteurs de sens qui leur permettraient de redevenir acteurs de leur destin. Voilà pourquoi, pour notre part, nous veillons toujours à faire en sorte que les projets de transformation deviennent des aventures collectives qui libèrent l’énergie et suscitent même l’enthousiasme.
Vous pensez vraiment que le changement puisse, actuellement, susciter l’enthousiasme ?
Mais bien sûr ! Et ce pour la simple raison que le changement fait partie de la nature humaine. Quand on voit le parcours réalisé par l’humanité, depuis ses origines jusqu’à aujourd’hui, c’est juste fascinant. Aurait-il pu le faire sans se transformer ? En réalité, l’homme est fait pour changer ! Et c’est encore plus vrai aujourd’hui. Dans leur vie privée comme dans leur vie professionnelle, nos contemporains ont même une véritable boulimie de changement. Ils veulent vivre de nouvelles expériences, réaliser de nouvelles choses, relever de nouveaux défis et presque vivre plusieurs vies ! Tous les DRH vous le diront : les carrières linéaires ne font plus rêver personne et surtout pas les nouvelles générations qui ne raisonnent plus en termes de postes mais de projets. En entretien d’embauche, c’est cela que demandent les nouvelles recrues : « À quoi vais-je être associé ? Quelles missions vais-je mener ? Quels défis vais-je pouvoir relever ? Que vais-je apprendre ? » Or, les projets de changement peuvent répondre à ces aspirations.
Reste que la crise économique globale rend quand même la tâche plus compliquée…
Loin de moi l’idée de minorer les défis que doivent relever actuellement les dirigeants et les managers ! Mais, justement, je constate que ces difficultés n’empêchent pas leur enthousiasme, ni celui des salariés quand on veut bien leur dire que l’on compte sur eux. Car les hommes trouvent aussi du plaisir et de la fierté dans les épreuves surmontées, les obstacles franchis, les problèmes résolus, les efforts consentis et les limites repoussées. Enfin, je crois aussi qu’il faut changer de regard sur la crise. Aujourd’hui, on a tendance à focaliser notre attention sur les dégâts qu’elle provoque. Il est maintenant temps de voir aussi les opportunités qu’elle recèle et d’agir avec détermination pour les saisir, comme le font déjà de nombreuses entreprises.
Je ne suis pas le seul à le penser. Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Jean-Paul Delevoye, estime ainsi que « nous ne sommes pas en crise, mais en métamorphose » et que « nous vivons une période passionnante, palpitante, à condition d’avoir le goût de l’aventure, le goût du risque » parce qu’il faut « tout créer, tout inventer, tout remettre en cause ». Ce nouvel état d’esprit vaut pour la société entière mais aussi pour chacune de nos entreprises et même pour chacun d’entre nous.
Je ne suis pas le seul à le penser. Le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Jean-Paul Delevoye, estime ainsi que « nous ne sommes pas en crise, mais en métamorphose » et que « nous vivons une période passionnante, palpitante, à condition d’avoir le goût de l’aventure, le goût du risque » parce qu’il faut « tout créer, tout inventer, tout remettre en cause ». Ce nouvel état d’esprit vaut pour la société entière mais aussi pour chacune de nos entreprises et même pour chacun d’entre nous.
Cette nécessité de remise à plat de nos certitudes et de nos habitudes ne renforce-t-elle pas justement à la fameuse « résistance au changement » ?
Je crois que certains dirigeants et managers ont tendance à sous-estimer le désir d’engagement de leurs collaborateurs, leur désir de bien faire leur travail et d’évoluer dans celui-ci. Ce qui explique la propension actuelle des organisations pour les normes, les procédures, les process… En réalité, ce dont nos contemporains ne veulent plus, c’est d’un changement imposé par le haut, un changement dont ils seraient les objets alors qu’ils aspirent à en être les acteurs. C’est pourquoi, lorsque nous intervenons en tant que facilitateurs du changement, notre objectif consiste à faire en sorte que chaque membre de l’entreprise puisse s’investir dans les projets, être partie prenante et agissante d’un changement co-construit. Au sein d’Alter&Go Groupe, notre méthode repose sur cet objectif : créer les conditions d’une co-réalisation, d’une co-construction, d’une co-innovation qui libère les énergies. En parlant sans cesse de « résistance au changement », on laisse entendre que l’homme serait le problème. Notre expérience nous a appris que, lorsqu’on le sollicite avec exigence et confiance, il est bien plutôt la solution !