Une histoire presque bicentenaire
Lorsqu’il ouvre son imprimerie, François-Charles Oberthur ne se destine pourtant pas à imprimer des billets de banques. Fils d’un professionnel de la lithographie et détenteur des meilleurs procédés d’impression pour l’époque, il décide de tirer parti de ce savoir-faire en imprimant des livres, des agendas et des calendriers notamment. En 1854, grâce au tirage de ces articles, l’entreprise gagne en reconnaissance et devient le premier imprimeur de la compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, éditeur de l’annuaire et fournisseur exclusif de l’almanach postal, qui occupe encore aujourd’hui une place privilégiée dans nos maisons, sous l’appellation plus contemporaine de « calendrier La Poste ».
Les décennies suivantes, l’imprimerie continue à se développer tant en taille qu’en expertise, mais elle commence par subir l’explosion des technologies durant la deuxième moitié du 20ème siècle. Durant les années 1970, l’imprimerie se retrouve en difficultés, à tel point qu’en 1981, sa liquidation est prononcée. Cette épreuve ne signe pourtant pas la fin de l’aventure Oberthur. En 1984, Jean-Pierre Savare reprend l’imprimerie et la renomme François-Charles Oberthur (FCO) en l’honneur de son fondateur. Ancien cadre de la BNP et visionnaire quant au potentiel de la société, il décide rapidement d’en faire la référence de l’impression de sécurité. Pour y parvenir, chaque activité se voit adjoindre un pôle recherche. De nombreux brevets sont déposés et l’activité se diversifie : documents officiels, cartes à gratter, titres financiers… L’entreprise François-Charles Oberthur innove à marche forcée, et devient même un des acteurs principaux de la filière de création des cartes à puces, tirant l’entreprise vers le secteur des hautes technologies. En quelques années, l’entreprise dépasse les 100 millions de francs de chiffre d’affaires. Oberthur se scinde en sociétés spécialisées avec notamment la création en 1986 de FCO Lorraine, spécialisée dans les chèques, et FCO Card Systems en 1987.
En 2008, Thomas Savare, devenu directeur général, décide de concentrer la majeure partie des activités du groupe sur l’impression des billets de banque. En 2011, l’entreprise cède Oberthur Technologies (activités relatives aux cartes à puce et aux documents d’identité) à un fonds d’investissement américain. Les activités d’impression de sécurité sont alors renommées Oberthur Fiduciaire. Cette opération va permettre d’investir massivement en R&D et dans les outils de production. Cette stratégie portera rapidement ses fruits en installant durablement Oberthur Fiduciaire dans le top 3 mondial des imprimeurs de sécurité, devenant ainsi l’un des leaders de l’impression fiduciaire.
Le développement d’un artisanat de pointe
Depuis sa reprise par la famille Savare, l’aventure d’Oberthur Fiduciaire témoigne d’une adaptation extraordinaire aux avancées technologiques de son époque. En changeant de positionnement stratégique, se concentrant sur de nouvelles activités, et en se désengageant de certaines, l’imprimerie provinciale a su s’extraire du secteur de l’impression classique, jusqu’à intégrer le cercle très fermé des imprimeurs fiduciaires d’envergure mondiale. Tout en se développant et s’adaptant aux évolutions de son secteur, Oberthur Fiduciaire a su préserver les qualités artisanales inhérentes à sa première expertise, la gravure et l’impression, tout en y injectant les plus hautes technologies. L’entreprise s’est d’ailleurs vue attribuer à ce titre le label « Entreprise du patrimoine vivant » en 2016. FCOF est sollicitée par les banques centrales et gouvernements du monde entier pour ce savoir-faire combinant art et haute-technologie.
Fabriquant des billets pour le compte de 70 banques centrales, la société Oberthur Fiduciaire est chaque fois tenue de fournir un produit exclusif. Mais si les formes, couleurs, motifs, gravures, inscriptions et représentations peuvent varier, la sécurité de chaque billet repose sur le même panel de solutions technologiques de pointe. Pour parvenir à de tels niveaux de sécurité, l’entreprise a commencé par internaliser l’ensemble du processus de production des billets de banque. Elle a ensuite investi de façon conséquente dans la constitution d’une équipe R&D performante, y consacrant jusqu’à 5% de son CA. Oberthur Fiduciaire a pu de la sorte développer des éléments de sécurité et de traçabilité dont elle s’est assurée l’exclusivité via plusieurs brevets. Parmi les dispositifs anti-contrefaçon, on retrouve des encres de sécurité à effets d’optiques dynamiques, des impressions fluorescentes sécurisées, des patchs à effet d’optique, le fond de sécurité anti-copie, un vernis anti-UV aux propriétés hydrophobique, une zone tactile pour les malvoyants, une sécurité à base de cristaux liquides permettant des effets de changements de couleurs…. Un véritable travail de précision et d’orfèvrerie, qui doit beaucoup à l’héritage culturel du père fondateur d’Oberthur.
Le produit fini est un support « papier » qui doit faire preuve d’une grande résistance au temps et aux éléments, tout en étant infalsifiable et inimitable. Le tout doit aussi naturellement s’inscrire dans une équation économique viable. Les billets de banque, concentrés de technologies et de savoir-faire artistiques, sont à la source d’un étrange paradoxe : biens communs d’un usage quotidien, leur coût industriel est certes sans commune mesure avec leur valeur faciale, et le coût des technologies nécessaires à leur réalisation. Mais cette banalité du billet nous fait aussi oublier combien sont rares et précieuses en France les entreprises qui maîtrisent tant de savoir-faire et de technologies réunis.
Lorsqu’il ouvre son imprimerie, François-Charles Oberthur ne se destine pourtant pas à imprimer des billets de banques. Fils d’un professionnel de la lithographie et détenteur des meilleurs procédés d’impression pour l’époque, il décide de tirer parti de ce savoir-faire en imprimant des livres, des agendas et des calendriers notamment. En 1854, grâce au tirage de ces articles, l’entreprise gagne en reconnaissance et devient le premier imprimeur de la compagnie des Chemins de Fer de l’Ouest, éditeur de l’annuaire et fournisseur exclusif de l’almanach postal, qui occupe encore aujourd’hui une place privilégiée dans nos maisons, sous l’appellation plus contemporaine de « calendrier La Poste ».
Les décennies suivantes, l’imprimerie continue à se développer tant en taille qu’en expertise, mais elle commence par subir l’explosion des technologies durant la deuxième moitié du 20ème siècle. Durant les années 1970, l’imprimerie se retrouve en difficultés, à tel point qu’en 1981, sa liquidation est prononcée. Cette épreuve ne signe pourtant pas la fin de l’aventure Oberthur. En 1984, Jean-Pierre Savare reprend l’imprimerie et la renomme François-Charles Oberthur (FCO) en l’honneur de son fondateur. Ancien cadre de la BNP et visionnaire quant au potentiel de la société, il décide rapidement d’en faire la référence de l’impression de sécurité. Pour y parvenir, chaque activité se voit adjoindre un pôle recherche. De nombreux brevets sont déposés et l’activité se diversifie : documents officiels, cartes à gratter, titres financiers… L’entreprise François-Charles Oberthur innove à marche forcée, et devient même un des acteurs principaux de la filière de création des cartes à puces, tirant l’entreprise vers le secteur des hautes technologies. En quelques années, l’entreprise dépasse les 100 millions de francs de chiffre d’affaires. Oberthur se scinde en sociétés spécialisées avec notamment la création en 1986 de FCO Lorraine, spécialisée dans les chèques, et FCO Card Systems en 1987.
En 2008, Thomas Savare, devenu directeur général, décide de concentrer la majeure partie des activités du groupe sur l’impression des billets de banque. En 2011, l’entreprise cède Oberthur Technologies (activités relatives aux cartes à puce et aux documents d’identité) à un fonds d’investissement américain. Les activités d’impression de sécurité sont alors renommées Oberthur Fiduciaire. Cette opération va permettre d’investir massivement en R&D et dans les outils de production. Cette stratégie portera rapidement ses fruits en installant durablement Oberthur Fiduciaire dans le top 3 mondial des imprimeurs de sécurité, devenant ainsi l’un des leaders de l’impression fiduciaire.
Le développement d’un artisanat de pointe
Depuis sa reprise par la famille Savare, l’aventure d’Oberthur Fiduciaire témoigne d’une adaptation extraordinaire aux avancées technologiques de son époque. En changeant de positionnement stratégique, se concentrant sur de nouvelles activités, et en se désengageant de certaines, l’imprimerie provinciale a su s’extraire du secteur de l’impression classique, jusqu’à intégrer le cercle très fermé des imprimeurs fiduciaires d’envergure mondiale. Tout en se développant et s’adaptant aux évolutions de son secteur, Oberthur Fiduciaire a su préserver les qualités artisanales inhérentes à sa première expertise, la gravure et l’impression, tout en y injectant les plus hautes technologies. L’entreprise s’est d’ailleurs vue attribuer à ce titre le label « Entreprise du patrimoine vivant » en 2016. FCOF est sollicitée par les banques centrales et gouvernements du monde entier pour ce savoir-faire combinant art et haute-technologie.
Fabriquant des billets pour le compte de 70 banques centrales, la société Oberthur Fiduciaire est chaque fois tenue de fournir un produit exclusif. Mais si les formes, couleurs, motifs, gravures, inscriptions et représentations peuvent varier, la sécurité de chaque billet repose sur le même panel de solutions technologiques de pointe. Pour parvenir à de tels niveaux de sécurité, l’entreprise a commencé par internaliser l’ensemble du processus de production des billets de banque. Elle a ensuite investi de façon conséquente dans la constitution d’une équipe R&D performante, y consacrant jusqu’à 5% de son CA. Oberthur Fiduciaire a pu de la sorte développer des éléments de sécurité et de traçabilité dont elle s’est assurée l’exclusivité via plusieurs brevets. Parmi les dispositifs anti-contrefaçon, on retrouve des encres de sécurité à effets d’optiques dynamiques, des impressions fluorescentes sécurisées, des patchs à effet d’optique, le fond de sécurité anti-copie, un vernis anti-UV aux propriétés hydrophobique, une zone tactile pour les malvoyants, une sécurité à base de cristaux liquides permettant des effets de changements de couleurs…. Un véritable travail de précision et d’orfèvrerie, qui doit beaucoup à l’héritage culturel du père fondateur d’Oberthur.
Le produit fini est un support « papier » qui doit faire preuve d’une grande résistance au temps et aux éléments, tout en étant infalsifiable et inimitable. Le tout doit aussi naturellement s’inscrire dans une équation économique viable. Les billets de banque, concentrés de technologies et de savoir-faire artistiques, sont à la source d’un étrange paradoxe : biens communs d’un usage quotidien, leur coût industriel est certes sans commune mesure avec leur valeur faciale, et le coût des technologies nécessaires à leur réalisation. Mais cette banalité du billet nous fait aussi oublier combien sont rares et précieuses en France les entreprises qui maîtrisent tant de savoir-faire et de technologies réunis.