France, route départementale. Un patrimoine public qui fait le quotidien des Français (Wikimedia Commons, Florian Pépellin, 2019)
Aujourd’hui, selon l’Insee, malgré le développement de la mobilité douce et des transports en commun dans les métropoles, 74 % des déplacements domicile-travail s’effectuent encore en voiture. Même pour les distances inférieures à cinq kilomètres, l’automobile représente encore 60% des déplacements. Près de neuf Français sur dix (87 %) utilisent la voiture pour au moins un de leur déplacement au quotidien selon une vaste enquête sur la mobilité menée par Régions de France, Transdev et Ipsos. C’est le mode de déplacement le plus utilisé, devant la marche (75 %) et les transports en commun (31 %). 61 % des Français empruntent leur voiture pour aller au travail – 43 % en centre urbain, 55 % en petite couronne et 77 % en périurbain.
La route, une solution de mobilité incontournable
Telle est la réalité. Toutes les données vont dans ce sens : pour les Français, la route reste un moyen de transport incontournable pour la quasi-totalité des trajets du quotidien. En zone rurale et périurbaine bien sûr, mais aussi très fréquemment en petite couronne, et même dans les centres urbains. Il faut préciser que plus d’un quart des actifs résident à plus de 30 minutes de leur lieu de travail. La polarisation des emplois dans les grandes aires urbaines s’est en effet accompagnée d’un phénomène de périurbanisation des actifs, qui entraîne une forte augmentation des déplacements dits « pendulaires ». Et plus la densité des territoires est faible, plus l’utilisation des véhicules individuels est forte... Car dans les zones les moins denses, l’offre de transports en commun est généralement faible et ne constitue pas une alternative crédible à la voiture. Résultat : la moitié des automobilistes sont contraints d’utiliser ce mode de transport.
Les réseaux routiers jouent donc un rôle majeur dans les déplacements des Français. Ils sont également essentiels au développement des nouvelles solutions de mobilité décarbonée. En effet, le véhicule électrique, les bus propres à haut niveau de service avec voie dédiée, l’autopartage, le covoiturage, et demain le véhicule autonome ou à hydrogène ne pourront se développer que s’ils disposent de réseaux adaptés. La préparation du futur et la lutte contre le réchauffement climatique ne peuvent s’affranchir de l’entretien et de la modernisation des réseaux routiers. Or les investissements dans ce domaine restent largement insuffisants au regard des enjeux, comme l’ont souligné, depuis une dizaine d’années, plusieurs rapports parlementaires et comme le reconnaissent différents membres du gouvernement, et notamment le Premier ministre.
La route délaissée au profit du ferroviaire
Ces différents constats partagés n’ont pourtant jusqu’ici pas suffi à faire de la route une véritable priorité. Force est de constater qu’elle apparaît comme le parent pauvre du plan de relance du gouvernement. Selon le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ce plan doit pourtant « permettre de renforcer l’intermodalité, de poursuivre le désenclavement de nos territoires et d’engager une véritable transformation technologique ». Avec l’objectif de « permettre aux Français de continuer à mieux se déplacer tout en contribuant à la diminution de l’empreinte carbone et environnementale des transports ».
Mais comme l’a souligné la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, la priorité est clairement donnée au ferroviaire, qui se voit attribuer une enveloppe de 4,7 milliards d’euros. La mobilité du quotidien mobilisera, quant à elle, 1,2 milliard, dont 700 millions pour les transports en commun en Ile-de-France, 330 millions pour les transports en commun en région, et 200 millions pour le vélo et la création de nouvelles pistes cyclables. Le ministère des Transports évoque également 400 millions d’euros pour les transports maritime et fluvial et 1,9 milliard pour construire l’avion vert de demain.
Pour diminuer l’usage de la voiture individuelle, le volet transports du plan de relance vise à développer le vélo et les transports collectifs dans les zones denses et pour les déplacements de courtes distances. Son objectif est également de doubler la part modale du transport ferroviaire autour des grands pôles urbains d’ici dix ans grâce à la création de services ferroviaires plus attractifs en termes de fréquence, d’amplitude ou de tarif. De véritables « RER métropolitains », à l’image du réseau francilien, vers lesquels s’orientent notamment des villes comme Bordeaux, Strasbourg ou Lille. Pour désenclaver les zones peu denses en les reliant mieux aux zones urbaines, le plan prévoit également de réinvestir dans les lignes de desserte ferroviaire.
Seuls 500 millions d’euros sont prévus pour les infrastructures routières : 250 millions pour accélérer les projets d’infrastructures inscrits aux contrats de plan État-régions, dont l’exécution est très en retard ; 100 millions pour installer des voies réservées sur les axes routiers nationaux (bus, covoiturage) et entretenir les ouvrages d’art ; 100 millions pour mettre en place 100 000 bornes de recharge rapide pour les véhicules électriques... Rien, en revanche, n’est prévu pour l’entretien et la modernisation du réseau routier.
Développer les routes et les autoroutes bas carbone
Pourtant, il y a urgence. Un audit indépendant, commandé par le ministère des Transports en 2018, a mis en évidence l’état très dégradé du réseau routier national non concédé après plusieurs années de sous-investissement. Les chiffres sont inquiétants : plus de 2.000 kilomètres de chaussées – soit 17 % des routes nationales – sont gravement endommagées et nécessitent des réparations structurelles immédiates. Et 30 % présentent un mauvais état de surface. S’appuyant sur cet audit, la Ligue de défense des conducteurs dresse un constat alarmant et suggère la réalisation d’un audit national. Une proposition soutenue par trente-cinq députés, qui ont déposé une proposition de résolution à l’Assemblée nationale, prônant la création d’une commission d’enquête.
Il serait en effet inconcevable que la France ne préserve pas la qualité de son réseau routier, qui constitue notre « patrimoine de mobilité ». L’entretien et la modernisation des routes et des autoroutes doivent redevenir une priorité car, en plus d’être aujourd’hui un véritable enjeu pour la sécurité, elles constituent également une condition du désenclavement des territoires et du développement d’une mobilité durable.
Les infrastructures routières et autoroutières sont capables d’accueillir toutes sortes de modes et d’usages, et constituent donc un terrain propice au développement de toutes les formes d’éco-mobilités : véhicules électriques ou à hydrogène, transports collectifs, covoiturage… C’est tout le sens, par exemple, du programme « Autoroutes bas carbone », porté par Vinci et qui s’est déjà concrétisé par la signature de partenariats ambitieux avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les engagements portent notamment sur les infrastructures de recharge des véhicules propres (électrique, hydrogène, biogaz) et sur le transport multimodal et partagé (transports collectifs sur autoroutes, voies réservées, parkings de covoiturage, parcs relais, gares multimodales).
Compte tenu de la place de la route dans la mobilité des Français, la France pourrait ne pas atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2 dans les transports si elle ne met pas rapidement en œuvre une véritable dynamique d’investissements.
La route, une solution de mobilité incontournable
Telle est la réalité. Toutes les données vont dans ce sens : pour les Français, la route reste un moyen de transport incontournable pour la quasi-totalité des trajets du quotidien. En zone rurale et périurbaine bien sûr, mais aussi très fréquemment en petite couronne, et même dans les centres urbains. Il faut préciser que plus d’un quart des actifs résident à plus de 30 minutes de leur lieu de travail. La polarisation des emplois dans les grandes aires urbaines s’est en effet accompagnée d’un phénomène de périurbanisation des actifs, qui entraîne une forte augmentation des déplacements dits « pendulaires ». Et plus la densité des territoires est faible, plus l’utilisation des véhicules individuels est forte... Car dans les zones les moins denses, l’offre de transports en commun est généralement faible et ne constitue pas une alternative crédible à la voiture. Résultat : la moitié des automobilistes sont contraints d’utiliser ce mode de transport.
Les réseaux routiers jouent donc un rôle majeur dans les déplacements des Français. Ils sont également essentiels au développement des nouvelles solutions de mobilité décarbonée. En effet, le véhicule électrique, les bus propres à haut niveau de service avec voie dédiée, l’autopartage, le covoiturage, et demain le véhicule autonome ou à hydrogène ne pourront se développer que s’ils disposent de réseaux adaptés. La préparation du futur et la lutte contre le réchauffement climatique ne peuvent s’affranchir de l’entretien et de la modernisation des réseaux routiers. Or les investissements dans ce domaine restent largement insuffisants au regard des enjeux, comme l’ont souligné, depuis une dizaine d’années, plusieurs rapports parlementaires et comme le reconnaissent différents membres du gouvernement, et notamment le Premier ministre.
La route délaissée au profit du ferroviaire
Ces différents constats partagés n’ont pourtant jusqu’ici pas suffi à faire de la route une véritable priorité. Force est de constater qu’elle apparaît comme le parent pauvre du plan de relance du gouvernement. Selon le ministre des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ce plan doit pourtant « permettre de renforcer l’intermodalité, de poursuivre le désenclavement de nos territoires et d’engager une véritable transformation technologique ». Avec l’objectif de « permettre aux Français de continuer à mieux se déplacer tout en contribuant à la diminution de l’empreinte carbone et environnementale des transports ».
Mais comme l’a souligné la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, la priorité est clairement donnée au ferroviaire, qui se voit attribuer une enveloppe de 4,7 milliards d’euros. La mobilité du quotidien mobilisera, quant à elle, 1,2 milliard, dont 700 millions pour les transports en commun en Ile-de-France, 330 millions pour les transports en commun en région, et 200 millions pour le vélo et la création de nouvelles pistes cyclables. Le ministère des Transports évoque également 400 millions d’euros pour les transports maritime et fluvial et 1,9 milliard pour construire l’avion vert de demain.
Pour diminuer l’usage de la voiture individuelle, le volet transports du plan de relance vise à développer le vélo et les transports collectifs dans les zones denses et pour les déplacements de courtes distances. Son objectif est également de doubler la part modale du transport ferroviaire autour des grands pôles urbains d’ici dix ans grâce à la création de services ferroviaires plus attractifs en termes de fréquence, d’amplitude ou de tarif. De véritables « RER métropolitains », à l’image du réseau francilien, vers lesquels s’orientent notamment des villes comme Bordeaux, Strasbourg ou Lille. Pour désenclaver les zones peu denses en les reliant mieux aux zones urbaines, le plan prévoit également de réinvestir dans les lignes de desserte ferroviaire.
Seuls 500 millions d’euros sont prévus pour les infrastructures routières : 250 millions pour accélérer les projets d’infrastructures inscrits aux contrats de plan État-régions, dont l’exécution est très en retard ; 100 millions pour installer des voies réservées sur les axes routiers nationaux (bus, covoiturage) et entretenir les ouvrages d’art ; 100 millions pour mettre en place 100 000 bornes de recharge rapide pour les véhicules électriques... Rien, en revanche, n’est prévu pour l’entretien et la modernisation du réseau routier.
Développer les routes et les autoroutes bas carbone
Pourtant, il y a urgence. Un audit indépendant, commandé par le ministère des Transports en 2018, a mis en évidence l’état très dégradé du réseau routier national non concédé après plusieurs années de sous-investissement. Les chiffres sont inquiétants : plus de 2.000 kilomètres de chaussées – soit 17 % des routes nationales – sont gravement endommagées et nécessitent des réparations structurelles immédiates. Et 30 % présentent un mauvais état de surface. S’appuyant sur cet audit, la Ligue de défense des conducteurs dresse un constat alarmant et suggère la réalisation d’un audit national. Une proposition soutenue par trente-cinq députés, qui ont déposé une proposition de résolution à l’Assemblée nationale, prônant la création d’une commission d’enquête.
Il serait en effet inconcevable que la France ne préserve pas la qualité de son réseau routier, qui constitue notre « patrimoine de mobilité ». L’entretien et la modernisation des routes et des autoroutes doivent redevenir une priorité car, en plus d’être aujourd’hui un véritable enjeu pour la sécurité, elles constituent également une condition du désenclavement des territoires et du développement d’une mobilité durable.
Les infrastructures routières et autoroutières sont capables d’accueillir toutes sortes de modes et d’usages, et constituent donc un terrain propice au développement de toutes les formes d’éco-mobilités : véhicules électriques ou à hydrogène, transports collectifs, covoiturage… C’est tout le sens, par exemple, du programme « Autoroutes bas carbone », porté par Vinci et qui s’est déjà concrétisé par la signature de partenariats ambitieux avec la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Les engagements portent notamment sur les infrastructures de recharge des véhicules propres (électrique, hydrogène, biogaz) et sur le transport multimodal et partagé (transports collectifs sur autoroutes, voies réservées, parkings de covoiturage, parcs relais, gares multimodales).
Compte tenu de la place de la route dans la mobilité des Français, la France pourrait ne pas atteindre ses objectifs de réduction des émissions de CO2 dans les transports si elle ne met pas rapidement en œuvre une véritable dynamique d’investissements.