Ce sera sans doute la crise la plus dévastatrice depuis 150 ans. L’arrêt brutal de l’activité lié à la pandémie de Covid-19 a provoqué une crise économique et sociale sans précédent, entraînant une récession inédite, des faillites d’entreprises et une forte hausse du chômage. Selon la Banque mondiale, le PIB planétaire pourrait se contracter de 5,2 % en 2020 et celui de la zone euro de 9 %. Jamais autant de pays n’ont connu simultanément une telle récession depuis 1870. Certaines grandes entreprises sont touchées de plein fouet : Renault prévoit de supprimer 15 000 emplois dans le monde dont près de 5 000 en France, le plan de restructuration d’Air France devrait intégrer entre 8 000 et 10 000 suppressions de postes, soit 15 % à 20 % de ses effectifs...
Mais l’inquiétude porte tout particulièrement sur les PME. Dans une note aux ministres des finances du G20, le Fonds monétaire international (FMI) redoute un triplement de faillites des petites et moyennes entreprises en 2020. Selon le FMI, les perspectives de défaut de paiement des PME sont particulièrement importantes en Italie et en France. Aux Etats-Unis, les dépôts de bilan ont atteint des niveaux jamais vus depuis la crise de 2008. « Les PME sont particulièrement sensibles à l’insolvabilité, n’ayant souvent pas accès au financement », note l’institution internationale. « Alors que de nombreux salariés pensent que leur perte d’emploi est temporaire, la reprise pourrait être retardée par l’inadéquation des compétences, l’incertitude économique et les fermetures de petites entreprises, qui représentent une part importante de l’emploi ».
En France, dans le secteur de l’habillement, pour ne prendre que cet exemple, c’est l’hécatombe… Et les mises en redressement judiciaire se succèdent. L’enseigne de chaussures André est sous le coup de cette procédure depuis début avril. L’entreprise de prêt-à-porter Naf Naf va être rachetée par le groupe industriel SY, lequel s’apprête à supprimer 25 % des emplois en France. Camaïeu a été mis en redressement judiciaire fin mai avec une période d’observation de six mois. L’enseigne de chaussures et de vêtements La Halle, propriété du groupe Vivarte, a reçu 25 offres de reprise partielle qui ne permettraient de sauver que quelque 600 magasins sur 830. De son côté, Celio a demandé le 22 juin à être placée sous procédure de sauvegarde faute d’accord avec ses banques, la fermeture de ses 1 500 magasins dans le monde ayant entraîné une perte de chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros entre mars et mai.
Les entreprises familiales sont plus résilientes
Pourtant, dans ce paysage de dévastation, certaines entreprises parviennent à mieux résister que d’autres. Une équipe de chercheurs des universités de Hongkong et de Berkeley a cherché à expliquer les évolutions très différentes que l’on pouvait constater au sein d’une même industrie et d’un même pays. Dans leur article « Corporate immunity to the Covid-19 Pandemic », relayé par L’Usine Nouvelle, les chercheurs se sont interrogés sur les caractéristiques intrinsèques des entreprises expliquant ces variations, à partir d’un échantillon de 6 000 entreprises de 56 pays. Premier enseignement : le cash, la profitabilité et le niveau d’endettement ont conditionné la sensibilité des sociétés lorsque la pandémie a frappé. Mais pour résister au Covid-19, des finances saines ne font pas tout. D’autres caractéristiques interviennent, comme l’exposition internationale de la chaîne des fournisseurs et des consommateurs, la gouvernance, l’actionnariat de référence et la responsabilité sociétale (RSE). Les universitaires montrent en particulier que la quête de soutenabilité à long terme favorise aussi une plus forte résilience à court terme. Le type de propriétaire est également essentiel : pour limiter la casse, mieux vaut avoir dans ses actionnaires de référence une entreprise plutôt qu’un hedge fund.
Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Rania Labaki, professeure associée de management à l’Edhec Business School, souligne, de son côté, que les entreprises familiales sont plus résilientes et disposent de meilleurs atouts pour profiter de la reprise après le déconfinement. Selon la chercheuse, la résilience des entreprises familiales est à la fois « sociale, émotionnelle, financière et entrepreneuriale ». Elle s’appuie notamment sur des stratégies orientées sur le long terme et fondées sur la responsabilité sociale et les valeurs de la famille. Selon la chercheuse, au sein des entreprises familiales, se développent en effet des cercles de « loyauté mutuelle », fondées sur des relations de long terme avec les collaborateurs, les clients, les fournisseurs et les banquiers.
Pour la chercheuse de l’Edhec, cette vision de long terme des entreprises familiales est aussi gage de capacité très forte d’innovation et d’adaptation. « Les entreprises familiales se caractérisent par un capitalisme patient, de long terme, car elles sont dans une logique de transmission de génération en génération, de création d’emploi, de contribution à la société, explique-t-elle. Elles ont souvent un actionnariat très engagé. Et contrairement à ce qu’on pense, elles sont également très innovantes, avec une vraie capacité à s’adapter au changement, à construire de nouveaux business models... Elles sont très agiles et la décision est souvent rapide, grâce à l’alignement d’intérêts des actionnaires ».
La vision de long terme, l’exemple de DI Environnement
PME française de 450 salariés spécialisée dans le désamiantage, le déplombage et la dépollution, DI Environnement illustre bien cette tendance. Aujourd’hui, après plus de 30 ans d’existence, elle compte plus de 10 implantations en France et dans le monde. Pour autant, elle se définit toujours « comme une entreprise familiale », selon Hugo Rosati, son directeur général. « C’est ce modèle qui nous a permis tant d’innovations et de croissance, avec beaucoup de proximité dans nos équipes et auprès de nos partenaires ».
Et dans le domaine de la dépollution, « l’innovation est une composante essentielle de différenciation ». Car « les process, les technologies et les garanties, financières mais aussi qualitatives, sont de réels leviers pour adresser une offre différenciante et crédible à des clients soucieux de l’enjeu sanitaire de leurs opérations ». Selon Hugo Rosati, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est d’ailleurs l’un des principaux moteurs de l’innovation, « car la volonté d'adopter des pratiques ayant un impact positif sur la société tout en étant économiquement viables nous pousse à chercher de nouvelles approches et de nouveaux procédés ».
Du fait de la sensibilisation des populations et des recherches menées sur l’environnement et la santé, la dépollution, au-delà d’être un marché dynamique, constitue une multitude de métiers d’avenir et de savoir-faire à constituer. En proposant une offre globale sur tous les domaines de la dépollution, DI Environnement a d’ailleurs enregistré, ces dernières années, une croissance interne de 10 % à 15 % par an. Même si la crise liée au coronavirus a créé des incertitudes, retardé certains chantiers et entraîné une baisse ponctuelle de l’activité, la PME drômoise reste optimiste pour l’avenir de la dépollution. Un secteur où les contraintes sanitaires et environnementales sont toujours plus élevées, et où la formation et l’expertise revêtent une importance particulière.
DI Environnement est d’autant mieux armée pour profiter de la reprise que cette entreprise familiale a su aussi se développer à l’international. Même si le marché français reste sa priorité, sa position de référence et son savoir-faire unique lui permettent également de se projeter dans d’autres pays du monde, ses filiales en Afrique et ses grands projets à l’international représentant une part croissante de son activité. Un parcours d’entreprise qui illustre parfaitement les travaux de Rania Labaki, la chercheuse de l’Edhec : « la vision de long terme des entreprises familiales est un gage de capacité très forte d’innovation, d’adaptation et de résilience ».
Mais l’inquiétude porte tout particulièrement sur les PME. Dans une note aux ministres des finances du G20, le Fonds monétaire international (FMI) redoute un triplement de faillites des petites et moyennes entreprises en 2020. Selon le FMI, les perspectives de défaut de paiement des PME sont particulièrement importantes en Italie et en France. Aux Etats-Unis, les dépôts de bilan ont atteint des niveaux jamais vus depuis la crise de 2008. « Les PME sont particulièrement sensibles à l’insolvabilité, n’ayant souvent pas accès au financement », note l’institution internationale. « Alors que de nombreux salariés pensent que leur perte d’emploi est temporaire, la reprise pourrait être retardée par l’inadéquation des compétences, l’incertitude économique et les fermetures de petites entreprises, qui représentent une part importante de l’emploi ».
En France, dans le secteur de l’habillement, pour ne prendre que cet exemple, c’est l’hécatombe… Et les mises en redressement judiciaire se succèdent. L’enseigne de chaussures André est sous le coup de cette procédure depuis début avril. L’entreprise de prêt-à-porter Naf Naf va être rachetée par le groupe industriel SY, lequel s’apprête à supprimer 25 % des emplois en France. Camaïeu a été mis en redressement judiciaire fin mai avec une période d’observation de six mois. L’enseigne de chaussures et de vêtements La Halle, propriété du groupe Vivarte, a reçu 25 offres de reprise partielle qui ne permettraient de sauver que quelque 600 magasins sur 830. De son côté, Celio a demandé le 22 juin à être placée sous procédure de sauvegarde faute d’accord avec ses banques, la fermeture de ses 1 500 magasins dans le monde ayant entraîné une perte de chiffre d’affaires de près de 100 millions d’euros entre mars et mai.
Les entreprises familiales sont plus résilientes
Pourtant, dans ce paysage de dévastation, certaines entreprises parviennent à mieux résister que d’autres. Une équipe de chercheurs des universités de Hongkong et de Berkeley a cherché à expliquer les évolutions très différentes que l’on pouvait constater au sein d’une même industrie et d’un même pays. Dans leur article « Corporate immunity to the Covid-19 Pandemic », relayé par L’Usine Nouvelle, les chercheurs se sont interrogés sur les caractéristiques intrinsèques des entreprises expliquant ces variations, à partir d’un échantillon de 6 000 entreprises de 56 pays. Premier enseignement : le cash, la profitabilité et le niveau d’endettement ont conditionné la sensibilité des sociétés lorsque la pandémie a frappé. Mais pour résister au Covid-19, des finances saines ne font pas tout. D’autres caractéristiques interviennent, comme l’exposition internationale de la chaîne des fournisseurs et des consommateurs, la gouvernance, l’actionnariat de référence et la responsabilité sociétale (RSE). Les universitaires montrent en particulier que la quête de soutenabilité à long terme favorise aussi une plus forte résilience à court terme. Le type de propriétaire est également essentiel : pour limiter la casse, mieux vaut avoir dans ses actionnaires de référence une entreprise plutôt qu’un hedge fund.
Dans une tribune publiée dans Le Figaro, Rania Labaki, professeure associée de management à l’Edhec Business School, souligne, de son côté, que les entreprises familiales sont plus résilientes et disposent de meilleurs atouts pour profiter de la reprise après le déconfinement. Selon la chercheuse, la résilience des entreprises familiales est à la fois « sociale, émotionnelle, financière et entrepreneuriale ». Elle s’appuie notamment sur des stratégies orientées sur le long terme et fondées sur la responsabilité sociale et les valeurs de la famille. Selon la chercheuse, au sein des entreprises familiales, se développent en effet des cercles de « loyauté mutuelle », fondées sur des relations de long terme avec les collaborateurs, les clients, les fournisseurs et les banquiers.
Pour la chercheuse de l’Edhec, cette vision de long terme des entreprises familiales est aussi gage de capacité très forte d’innovation et d’adaptation. « Les entreprises familiales se caractérisent par un capitalisme patient, de long terme, car elles sont dans une logique de transmission de génération en génération, de création d’emploi, de contribution à la société, explique-t-elle. Elles ont souvent un actionnariat très engagé. Et contrairement à ce qu’on pense, elles sont également très innovantes, avec une vraie capacité à s’adapter au changement, à construire de nouveaux business models... Elles sont très agiles et la décision est souvent rapide, grâce à l’alignement d’intérêts des actionnaires ».
La vision de long terme, l’exemple de DI Environnement
PME française de 450 salariés spécialisée dans le désamiantage, le déplombage et la dépollution, DI Environnement illustre bien cette tendance. Aujourd’hui, après plus de 30 ans d’existence, elle compte plus de 10 implantations en France et dans le monde. Pour autant, elle se définit toujours « comme une entreprise familiale », selon Hugo Rosati, son directeur général. « C’est ce modèle qui nous a permis tant d’innovations et de croissance, avec beaucoup de proximité dans nos équipes et auprès de nos partenaires ».
Et dans le domaine de la dépollution, « l’innovation est une composante essentielle de différenciation ». Car « les process, les technologies et les garanties, financières mais aussi qualitatives, sont de réels leviers pour adresser une offre différenciante et crédible à des clients soucieux de l’enjeu sanitaire de leurs opérations ». Selon Hugo Rosati, la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est d’ailleurs l’un des principaux moteurs de l’innovation, « car la volonté d'adopter des pratiques ayant un impact positif sur la société tout en étant économiquement viables nous pousse à chercher de nouvelles approches et de nouveaux procédés ».
Du fait de la sensibilisation des populations et des recherches menées sur l’environnement et la santé, la dépollution, au-delà d’être un marché dynamique, constitue une multitude de métiers d’avenir et de savoir-faire à constituer. En proposant une offre globale sur tous les domaines de la dépollution, DI Environnement a d’ailleurs enregistré, ces dernières années, une croissance interne de 10 % à 15 % par an. Même si la crise liée au coronavirus a créé des incertitudes, retardé certains chantiers et entraîné une baisse ponctuelle de l’activité, la PME drômoise reste optimiste pour l’avenir de la dépollution. Un secteur où les contraintes sanitaires et environnementales sont toujours plus élevées, et où la formation et l’expertise revêtent une importance particulière.
DI Environnement est d’autant mieux armée pour profiter de la reprise que cette entreprise familiale a su aussi se développer à l’international. Même si le marché français reste sa priorité, sa position de référence et son savoir-faire unique lui permettent également de se projeter dans d’autres pays du monde, ses filiales en Afrique et ses grands projets à l’international représentant une part croissante de son activité. Un parcours d’entreprise qui illustre parfaitement les travaux de Rania Labaki, la chercheuse de l’Edhec : « la vision de long terme des entreprises familiales est un gage de capacité très forte d’innovation, d’adaptation et de résilience ».