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Le Stade Français côté business: la victoire du président Thomas Savare





Au lendemain de la victoire du Stade Français face à Clermont, le président Thomas Savare n’a pas boudé son plaisir lorsque son équipe a soulevé le Bouclier de Brennus. La revanche est belle pour le club qui n’avait pas décroché de titre depuis 2007. Au club parisien de franchir une nouvelle étape dans sa longue histoire. Et à Thomas Savare de s’afficher comme un gestionnaire incontournable au sein de l’Ovalie. Récit.



Thomas Savare / Stade Français (DR)
Thomas Savare / Stade Français (DR)

La relance made in Savare

« Savare le sauveur  » titraient en juin dernier les journaux. Déjà en 2011, les commentateurs du Top14 s’enthousiasmaient de l’arrivée de Thomas Savare à la tête du Stade Français. Sur le point d’être relégué, le club mythique était à l’époque dans une des plus sombres périodes de son histoire. Un destin impossible pour Thomas Savare, passionné par le ballon ovale et fidèle supporteur du club parisien, confiant volontiers avoir  « fait à peu près toutes les tribunes de Jean-Bouin » depuis son enfance. L’homme reprend donc le club, non sans rendre hommage à Max Guazzini son prédécesseur, qu’il félicite d’avoir su habilement médiatiser le club parisien.
 
C’est alors un long travail de reconstruction qu’amorce l’ancien champion de squash et businessman reconnu. Il n’hésite pas à imprimer son style, quitte à bousculer certaines habitudes, comme lorsque le Stade Français a reçu à Saint-Denis son éternel adversaire, le Racing-Métro. Mais le nouveau président croit en son équipe, qu’il compte bien mener vers les plus hautes marches du championnat français voire européen. « Pour aller déposer le ballon derrière la ligne comme pour décrocher un contrat ou inventer un nouveau procédé de fabrication, il ne faut pas seulement des compétences, il faut aussi de l’envie », confie Thomas Savare. Et les résultats sont là : le nouveau Stade Français a fait mouche en juin dernier. Si le club reprend alors sa place dans la rugbysphère, il montre également qu’il a su saisir le tournant de la professionnalisation. 

Un artisan de la professionnalisation

En effet, en 1995 le rugby a quitté les bancs de l’amateurisme pour évoluer dans la cour professionnelle.  Aujourd’hui, un joueur est un sportif mais également un salarié d’une entreprise (presque) comme les autres. Au président du club donc, de dégager des recettes, de soigner la communication et de développer des axes stratégiques pour poursuivre une nouvelle saison, comme une entreprise remplirait les carnets de commande. Aussi, la structure des clubs s’est modifiée et la Ligue nationale de rugby (LNR) s’efforce de donner un cadre à la professionnalisation. Ce pari du développement économique, Thomas Savare y croit.
Aussi, l’entrepreneur affirme ses convictions en faveur d’un rugby sain et structuré. L’an passé, le président se félicitait d’ailleurs de l’adoption d’un code moral et de la réévaluation du barème de sanction destiné à endiguer les dérapages verbaux. « Un bon sens  » pour Thomas Savare qui est reconnu comme un « bon père de famille qui ne fait pas n’importe quoi avec l’argent » de l’aveu même de ses joueurs. « Dans l’entreprise comme dans le sport, ce sont les excès qui nuisent et qui choquent à juste titre », rappelle le manager. Une démarche qui traduit bien « le style Savare » qui a fait déjà fait ses preuves  dans  le secteur de l’industrie. C’est sous la houlette de Thomas Savare, qu’Oberthur Fiduciaire, une entreprise spécialisée dans l’impression de billets de  banque, a su amorcer un tournant stratégique pour se hisser sur le podium mondial.

Aussi, depuis quatre ans, Thomas Savare impose son pragmatisme comme lorsqu’il plaide en faveur du salary cap, le plafonnement des salaires dans le Top 14. « Je ne me serais pas investi dans le Stade Français, s'il n'y avait pas eu de salary-cap, et je m'en irais s'il n'y en avait plus » affirme Thomas Savare. Car, selon le dirigeant de club, « les masses salariales ont presque doublé en dix ans, alors que les recettes n’ont pas augmenté au même rythme. Le modèle économique du rugby français est extrêmement déséquilibré au niveau du Top 14 ». Ainsi, le salary cap permet de « pérenniser les clubs » et de déjouer les dérives de la professionnalisation.

Le cap maintenu

Et parmi les leviers financiers nécessaires à la rentabilité du club, le centralien de formation mise sur des outils modernes et adaptés aux ambitions du Stade Français. Ainsi le nouveau stade Jean Bouin symbolise une nouvelle étape dans la reconstruction de l’équipe qui compte bien renouer avec le faste d’antan. « Le club attendait depuis une bonne dizaine d'années d'avoir un stade adapté aux exigences du rugby. Pour moi, c'était un élément fondamental. Sans Jean-Bouin, je n'aurais absolument pas repris le Stade français. Parce que ça n'a pas de sens, ce n'est pas possible d'envisager d'avoir un club en Top 14 sans un outil de travail moderne, surtout à Paris » confie Thomas Savare. C’est grâce à cette stratégie pragmatique que le Stade Français a su remonter la pente. Et le président compte bien asseoir sa récente victoire et assurer la pérennité du club.

Néanmoins, « nous n’aurons atteint nos objectifs que quand, sportivement, nous jouerons régulièrement des phases finales, des demi-finales, voire des finales ; et quand, financièrement, on aura assuré un équilibre pérenne pour le club  » ajoute avec prudence le président, fidèle à son style, loin des habituels coups d’éclat qui fusent sur les bancs du Top14. Et quand un journaliste s’aventure à demander au président combien de temps il compte rester à la tête du club, Thomas Savare rappelle qu’il s’est engagé pour vingt ans. Loin des aléas du mercato qui chahutent le club, le Stade Français tient donc son meneur de jeu. 


20 Octobre 2015