Plus de quatre ans après la crise de 2008, la France semble plus exsangue que jamais. L’étendue du chômage n’a d’égale que la constance de la croissance atone qui maintient l’Hexagone dans un hiver économique dont on ne saurait prédire la fin. De 1990 à aujourd’hui, la part de la France sur le marché mondial est passé de 6,2% à 3,6%, poursuivant une interminable chute. À l’issue de l’année 2012, la question du travail apparaît comme la problématique la plus urgente à régler pour tenter de revitaliser quelque peu l’économie nationale et l’attrait de l’offre française. Le droit du travail et les contraintes liées à son coût semblent de plus en plus en appeler à des assouplissements. Les patrons français ne manquent pas d’en faire la demande au gouvernement.
La question du travail : une insoluble problématique
S’il est un sujet débattu quand on en vient à parler de la compétitivité française, c’est bien celle des 35 heures. Leur contestation ne date pas du déclenchement de la crise, mais s’est indéniablement intensifiée après 2008. Fin octobre 2012, le débat a été âprement relancé après que le Premier ministre Jean-Marc Ayrault ait mentionné l’éventualité d’un retour au 39 heures en répondant à une question d’un lecteur du Parisien. Bien qu’écartée par le gouvernement, cette idée a immédiatement fait réagir l’opposition pour qui la limitation du temps de travail hebdomadaire est un problème depuis son instauration sous le gouvernement Jospin.
Ces questions générales sur la législation du travail sont en effet centrales pour comprendre en quoi la France parvient si difficilement à garder la tête hors de l’eau dans la compétition mondiale. Mercredi 31 octobre, le Haut Conseil du financement de la protection sociale remettait au Premier ministre son analyse quant au financement du système social en France. Il a ainsi été mis en évidence que 77,3 % des ressources de protection sociale était tiré de prélèvements sur les salaires. L’enjeu du financement de la protection sociale a donc un impact direct sur celui du coût du travail. Cet impact est d’ailleurs colossal puisque les dépenses de protection sociale s’élèvent à 32 % du PIB en France ; il s’agit d’un des chiffres les plus élevés d’Europe d’après le Haut Conseil.
Entravée par un droit du travail plus rigide que chez ses voisins européens, la France accuse une insuffisance de compétitivité que d’aucuns diraient ancrée dans la législation. À cela s’ajoute le problème du coût de la main-d’œuvre, trop élevée au regard de la qualité de la production actuelle de l’économie française. Il en résulte des difficultés à l’exportation majeure qui enfoncent un peu plus la France dans le maelstrom. Pour briser ce cercle vicieux, les solutions envisageables sont pourtant connues. C’est toute l’ambition du rapport Gallois, remis le 5 novembre au Premier ministre, que de les promouvoir.
Ces questions générales sur la législation du travail sont en effet centrales pour comprendre en quoi la France parvient si difficilement à garder la tête hors de l’eau dans la compétition mondiale. Mercredi 31 octobre, le Haut Conseil du financement de la protection sociale remettait au Premier ministre son analyse quant au financement du système social en France. Il a ainsi été mis en évidence que 77,3 % des ressources de protection sociale était tiré de prélèvements sur les salaires. L’enjeu du financement de la protection sociale a donc un impact direct sur celui du coût du travail. Cet impact est d’ailleurs colossal puisque les dépenses de protection sociale s’élèvent à 32 % du PIB en France ; il s’agit d’un des chiffres les plus élevés d’Europe d’après le Haut Conseil.
Entravée par un droit du travail plus rigide que chez ses voisins européens, la France accuse une insuffisance de compétitivité que d’aucuns diraient ancrée dans la législation. À cela s’ajoute le problème du coût de la main-d’œuvre, trop élevée au regard de la qualité de la production actuelle de l’économie française. Il en résulte des difficultés à l’exportation majeure qui enfoncent un peu plus la France dans le maelstrom. Pour briser ce cercle vicieux, les solutions envisageables sont pourtant connues. C’est toute l’ambition du rapport Gallois, remis le 5 novembre au Premier ministre, que de les promouvoir.
Le rapport Gallois
Après de longues semaines d’attente, le contenu du rapport de Louis Gallois sur le sujet de la compétitivité en France a enfin été divulgué. Au terme d’un développement de quelque 60 pages détaillant avec précision l’état critique de l’industrie française, et les axes d’intervention possibles pour y remédier, le rapport se conclut sur une liste de 22 propositions. Celles-ci concernent le droit du travail, son coût, mais aussi l’éducation ainsi que des recommandations sectorielles.
Le rapport Gallois est en effet riche de suggestions pour redynamiser le tissu industriel français et sa compétitivité à l’étranger. Parmi les propositions phares, on trouve ainsi la sanctuarisation des dépenses publiques allouées à la recherche et à l’innovation, la collaboration accrue entre entreprises et établissement de formation, ou encore le développement de la politique de prêt de la Banque publique d’investissement. L’industrie locale n’est pas négligée puisque Louis Gallois préconise le maintien des incitations fiscales et sociales à la création d’entreprises ainsi que le conditionnement de l’aide aux grandes entreprises à la qualité de leur relation avec leurs sous-traitants.
Mais la plus remarquable de ces propositions se trouve être sans surprise celle d’alléger significativement le poids des charges sociales. Louis Gallois préconise en effet le transfert de 30 milliards de ces charges « vers la fiscalité et la réduction des dépenses publiques ». Cet allégement serait réparti pour un tiers sur les charges salariales et pour deux tiers sur les charges patronales et concernerait l’ensemble des salaires compris en dessous de 3,5 le montant du SMIC.
Face au risque toujours plus grand de sombrer dans le marasme économique, le rapport Gallois s’impose comme une collection de mesures de bon sens pour rétablir un équilibre productif viable en France. Des pistes très similaires ont d’ailleurs été soulevées par le patronat français quelques jours avant la parution du rapport Gallois. Mais l’initiative demeure dans les mains du gouvernement et rien ne garantit qu’il s’inspirera suffisamment de ce qui ressemble fort à un consensus patronal.
Le rapport Gallois est en effet riche de suggestions pour redynamiser le tissu industriel français et sa compétitivité à l’étranger. Parmi les propositions phares, on trouve ainsi la sanctuarisation des dépenses publiques allouées à la recherche et à l’innovation, la collaboration accrue entre entreprises et établissement de formation, ou encore le développement de la politique de prêt de la Banque publique d’investissement. L’industrie locale n’est pas négligée puisque Louis Gallois préconise le maintien des incitations fiscales et sociales à la création d’entreprises ainsi que le conditionnement de l’aide aux grandes entreprises à la qualité de leur relation avec leurs sous-traitants.
Mais la plus remarquable de ces propositions se trouve être sans surprise celle d’alléger significativement le poids des charges sociales. Louis Gallois préconise en effet le transfert de 30 milliards de ces charges « vers la fiscalité et la réduction des dépenses publiques ». Cet allégement serait réparti pour un tiers sur les charges salariales et pour deux tiers sur les charges patronales et concernerait l’ensemble des salaires compris en dessous de 3,5 le montant du SMIC.
Face au risque toujours plus grand de sombrer dans le marasme économique, le rapport Gallois s’impose comme une collection de mesures de bon sens pour rétablir un équilibre productif viable en France. Des pistes très similaires ont d’ailleurs été soulevées par le patronat français quelques jours avant la parution du rapport Gallois. Mais l’initiative demeure dans les mains du gouvernement et rien ne garantit qu’il s’inspirera suffisamment de ce qui ressemble fort à un consensus patronal.
Des marges de manœuvre réduites
Fin octobre 2012, le Journal du Dimanche publiait une lettre signée de la main des chefs d’entreprise réunis membres de l’Association Française des Entreprises Privées. Ce club de patrons du CAC 40 ne rassemble pas moins de 98 des plus grandes entreprises françaises. Prélude à la remise du rapport de Louis Gallois, les entrepreneurs préconisaient à l’attention du Président Hollande une baisse du coût du travail d’au moins 30 milliards d’euros. La condition pour réaliser une telle prouesse économique : réduire la dépense publique qui compte aujourd’hui pour 56 % du PIB. Mais amener un gouvernement à réaliser de telles économies relève de la croix et la bannière.
Bien que le Président de la République ait plus d’une fois reconnu que la France souffrait d’un grave problème de compétitivité, celui-ci a néanmoins exclu toute possibilité de réforme d’envergure du système de financement de la protection sociale. Suite à la publication du rapport Gallois, le gouvernement n’a ainsi pu se résoudre qu’à concéder un crédit d’impôts de 20 milliards d’euros aux entreprises. Le choc de compétitivité tant espéré n’aura donc a priori pas lieu : « l’emploi sera favorisé dès lors qu’embaucher coutera moins chers qu’aujourd’hui pour les entreprises » déclarait François Hollande dès le 9 septembre 2012 au journal télévisé de TF1. Une façon de dire les réformes se mueront vraisemblablement en ajustements.
Étranglée par sa législation sur le travail, handicapée par sa compétitivité insuffisante, la France semble aujourd’hui dans l’impasse. Le pays est-il condamné à sombrer ? Non bien évidemment, et la mobilisation récente des chefs d’entreprises est là pour le démontrer. Ceux-ci ont en effet signifié au gouvernement la nécessité absolue de baisser le coût du travail en France et à travers ces doléances rappeler le caractère indispensable d’une réforme du marché de l'emploi. Sans surprise, les conclusions du rapport de Louis Gallois soulignent également ce besoin. Malgré le caractère unanime des analyses de ces professionnels, le gouvernement continue toutefois de faire preuve de timidité à agir dans leur sens. Par simples considérations politiques ou véritable impuissance, l’État ne semble pas déterminé à fournir l'effort décisif qui permettrait de redresser le gouvernail économique. On ne peut que le déplorer, car en n’endiguant pas significativement l’épuisement financier des entreprises et des individus, c’est, à terme, sa propre faillite que l’État est en train d’orchestrer.
Bien que le Président de la République ait plus d’une fois reconnu que la France souffrait d’un grave problème de compétitivité, celui-ci a néanmoins exclu toute possibilité de réforme d’envergure du système de financement de la protection sociale. Suite à la publication du rapport Gallois, le gouvernement n’a ainsi pu se résoudre qu’à concéder un crédit d’impôts de 20 milliards d’euros aux entreprises. Le choc de compétitivité tant espéré n’aura donc a priori pas lieu : « l’emploi sera favorisé dès lors qu’embaucher coutera moins chers qu’aujourd’hui pour les entreprises » déclarait François Hollande dès le 9 septembre 2012 au journal télévisé de TF1. Une façon de dire les réformes se mueront vraisemblablement en ajustements.
Étranglée par sa législation sur le travail, handicapée par sa compétitivité insuffisante, la France semble aujourd’hui dans l’impasse. Le pays est-il condamné à sombrer ? Non bien évidemment, et la mobilisation récente des chefs d’entreprises est là pour le démontrer. Ceux-ci ont en effet signifié au gouvernement la nécessité absolue de baisser le coût du travail en France et à travers ces doléances rappeler le caractère indispensable d’une réforme du marché de l'emploi. Sans surprise, les conclusions du rapport de Louis Gallois soulignent également ce besoin. Malgré le caractère unanime des analyses de ces professionnels, le gouvernement continue toutefois de faire preuve de timidité à agir dans leur sens. Par simples considérations politiques ou véritable impuissance, l’État ne semble pas déterminé à fournir l'effort décisif qui permettrait de redresser le gouvernail économique. On ne peut que le déplorer, car en n’endiguant pas significativement l’épuisement financier des entreprises et des individus, c’est, à terme, sa propre faillite que l’État est en train d’orchestrer.