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Le gouvernement américain porte plainte contre le monopole de Visa





Le département de la Justice des États-Unis a déposé plainte contre Visa, l'accusant d'abus de position dominante sur le marché des cartes de débit. L'entreprise est accusée de pratiques anti-concurrentielles qui augmentent les coûts pour les consommateurs américains. Cette affaire fait suite à des années d'investigation sur les pratiques de Visa, qui domine plus de 60 % du marché américain des transactions par carte de débit.



Le réseau Visa dans le collimateur de la justice américaine

Le département américain de la Justice (DoJ) a porté plainte contre le géant des cartes bancaires Visa, accusé de monopoliser le marché des cartes de débit aux États-Unis. Selon les autorités, Visa utilise sa position dominante pour imposer des commissions excessives aux commerçants et aux banques, qui répercutent ensuite ces coûts sur les consommateurs. 

Le procureur général des États-Unis, Merrick Garland, a déclaré lors d'une conférence de presse : « Visa a illégalement accumulé le pouvoir d'extraire des commissions qui excèdent de loin ce qu'il pourrait facturer sur un marché concurrentiel. » Cette déclaration souligne l'ampleur du problème, puisque Visa gère plus de 60 % des transactions par carte de débit dans le pays.

Les pratiques de Visa affecteraient non seulement le prix d'un produit spécifique, mais également « le prix d'à peu près toute chose », selon Garland. Ces commissions excessives s'élèveraient à 7 milliards de dollars par an, un montant colossal qui impacte l'ensemble de l'économie. Pour les commerçants qui tentent de passer par des réseaux concurrents comme Mastercard ou Discover, Visa aurait mis en place des sanctions dissuasives, augmentant ainsi ses tarifs pour les transactions traitées via ses propres services. Cette stratégie a pour but de décourager toute tentative d'évasion du monopole de Visa.

Le DoJ va encore plus loin en accusant Visa d'avoir étouffé la concurrence des fintechs telles qu'Apple, PayPal et Block. Ces entreprises auraient reçu des compensations financières importantes de la part de Visa pour abandonner leurs projets de développement dans le domaine des paiements par carte de débit. Pourtant, ces sociétés auraient pu représenter une menace sérieuse pour le monopole de Visa en offrant des solutions innovantes et concurrentielles.

Des sanctions sévères en perspective

L'origine de ces pratiques remonte à la loi Dodd-Frank de 2012, qui avait été adoptée pour réguler l'industrie financière après la crise de 2008. Cette loi obligeait les banques à proposer au moins deux fournisseurs de cartes de crédit, et plafonnait les commissions des transactions par carte de crédit. Toutefois, aucune limitation n’avait été imposée pour les commissions des cartes de débit, permettant à Visa de consolider sa position dominante sans entrave.

Visa n’est pas la seule entreprise dans le viseur des autorités américaines. Son principal concurrent, Mastercard, a récemment conclu un accord amiable avec la Commission fédérale du commerce (FTC) pour éviter une poursuite judiciaire similaire. Cet accord portait sur des accusations selon lesquelles Mastercard aurait également entravé la concurrence dans le secteur des cartes de débit.

Si Visa minimise les accusations, qualifiant la plainte de « sans fondement », les répercussions potentielles de cette affaire pourraient être lourdes. Le DoJ affirme que Visa a bâti un véritable « fossé » autour de son entreprise, protégeant son monopole grâce à des partenariats lucratifs avec les banques et les commerçants. En fixant des volumes minimums de transactions sur son réseau, Visa force de facto les commerçants à privilégier ses services, même lorsque des concurrents offrent des tarifs plus avantageux.

Les autorités américaines, sous l'administration de Joe Biden, ont adopté une approche plus agressive dans la régulation des pratiques anti-concurrentielles, après des décennies de laxisme. La plainte contre Visa pourrait donc marquer un tournant dans la manière dont les grandes entreprises financières sont contrôlées aux États-Unis.


26 Septembre 2024