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SET Environnement : plongée opérationnelle au cœur de la dépollution

Entretien avec son Président, Eric Vallée







La règlementation amiante a beau être drastique, elle n’empêche pas certains acteurs du marché de se comporter de façon peu scrupuleuse : sacs éventrés, décharges clandestines d’amiante… Comment et jusqu’où garantissez-vous la sûreté du cycle de désamiantage ?

A chaque acteur de faire l’arbitrage entre le coût et la sécurité. Force est de constater que si l’arbitrage se fait en faveur du coût, les risques sont multipliés. En revanche, si chaque acteur prend en compte de manière sérieuse la sécurité, c’est toute la filière qui gagne. La réussite d’un chantier de désamiantage tient du sérieux de l’entreprise sollicitée mais aussi de la perception du maître d’ouvrage. Nos clients sont sensibles à ce discours et ont parfaitement compris que la sécurité a un coût. Le véritable enjeu est de créer une synergie positive entre tous les acteurs afin de garantir la sécurité de tous.  
 
En outre, nos process permettent un contrôle maximal sur des chantiers afin de détecter un problème très en amont et donc le corriger au plus vite. Quand la réglementation fixe un seuil « plancher », nous adoptons systématiquement une norme « mieux disante ». Par exemple, pour un chantier qui nécessiterait un simple confinement, nous n’hésitons pas à mettre en œuvre des zones tampon afin d’élargir le périmètre de sécurité.

Quel est le coût de la dépollution ? De manière sous-jacente, certains acteurs de la filière sont-ils tentés par la stratégie du « moins-disant » ?

Le désamiantage est un métier qui a la réputation d’être cher et où il n’existe pas de retour sur investissement. Il n’est pas rare pour un même dossier ou un même appel d’offre, de constater des écarts de prix très importants, surtout si le maître d’ouvrage décide de faire une consultation sans mettre de cahier des charges précis. Et ces écarts peuvent aller du simple au triple entre l’entreprise la moins chère et l’entreprise la plus chère.

C’est aussi la responsabilité du maître d’ouvrage qui doit faire son arbitrage entre la sécurité et le coût. Notre métier est assez technique et souvent, les acteurs ne sont pas informés de manière suffisante. Je conseille donc très souvent de prendre un maître d’œuvre ou un bureau d’études qui accompagnera le maître d’ouvrage dans la définition de son cahier des charges, afin de s’assurer que les entreprises sollicitées répondent avec un minimum de sécurité. Cela permet également que le chantier soit contrôlé par des acteurs familiers avec les techniques du désamiantage, ce qui assure un niveau de sécurité supplémentaire. 

La valeur limite d’exposition de 100 fibres par litre d’air a été diminuée à 10 f/L afin de protéger les professionnels de l’amiante qui sont en première ligne. Cette nouvelle législation répond-elle à leurs attentes ?

Cette nouvelle législation va très clairement dans le bon sens puisqu’elle diminue le seuil d’exposition. Elle est donc en faveur d’une meilleure protection des salariés du désamiantage. Cela induit également de nouveaux équipements ainsi qu’une plus grande vigilance et de plus nombreux contrôles afin de s’assurer que cette limite n’est pas dépassée. Je suis  persuadé que cette nouvelle norme permettra de mettre en avant les professionnels du désamiantage, conscients des exigences de ce métier et qui s’attachent à le faire de la manière la plus durable. 

SET Environnement est dans le désamiantage depuis bientôt vingt ans. La France sera-t-elle bientôt un jour désamiantée ou cela restera-t-il un vœu pieux ?

L’amiante existe à l’état naturel. La question est donc plutôt : parviendrons-nous un jour à éradiquer tous les biens manufacturés et matériaux qui contiennent de l’amiante ? Je pense que oui : nous avons les capacités techniques de le faire. Reste la question de l’échéance car les bâtiments ont un cycle de vie long. Souvent sur les immeubles construits dans les années 70, il faut aller jusqu’à la démolition complète du bâtiment pour éradiquer totalement l’amiante.

De plus, l’amiante présente dans les revêtements des routes pose problème. Là encore, il faut du temps afin d’enlever le goudron d’une chaussée pour remettre un revêtement sain. Le désamiantage fait donc partie d’un schéma qui s’inscrit, à mon sens, sur plusieurs dizaines d’années. Il doit se faire au rythme des besoins en bâtiments et en routes. Et c’est le rôle des responsables politiques, des propriétaires et des maîtres d’ouvrage que de surveiller ces enjeux et d’établir des priorités dans les travaux à accomplir en fonction des risques.

Historiquement, SET Environnement est un expert de la dépollution au sens large. Quels sont les autres formes de pollution sur lesquelles vous êtes appelés à intervenir ?

L’entreprise a été créée en 1986 et nous nous sommes spécialisés dans les travaux de dépollution des bâtiments amiantés dès 1996, par anticipation de la législation mais également pour répondre aux besoins des pouvoirs publics. L’amiante reste donc notre cœur de métier, mais notre savoir-faire nous permet d’intervenir sur d’autres types de pollution. Car c’est bien l’évaluation des risques et la gestion de la sécurité qui font notre valeur ajoutée.  Le schéma en matière de gestion de la poussière et des composés volatiles, comme celui ayant trait à la protection des salariés ou de l’environnement restent identiques.

Ainsi, nous intervenons également sur la pollution causée par la peinture au plomb et nous avons également été appelés à intervenir sur les questions de dépollution radioactive. La problématique est assez proche de celle de l’amiante, notamment sur la question de la gestion des poussières. De fait, nous adaptons notre expertise en fonction du type de pollution. Reste à ne pas mélanger les appareils qui traitent de l’amiante avec ceux qui traitent du plomb par exemple, et prendre le risque d’importer une nouvelle pollution. 

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9 Mars 2016